Didier Chambon


Enivrez-Vous


Témoignage de guerre 39/45

Présentation d’une sélection de récits visuels et textuels





Témoignage de guerre 39/45


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Pourquoi explorer la guerre de 1939-1945 à travers ce thème ?


Une nuit d’avril 2013, l’idée d’un reportage m’a saisi, un projet ancré dans une intimité profonde. Elle a germé en repensant à mon père, à nos échanges qui s’étiraient tard dans la nuit. Il parlait de son enfance en Algérie, dans les années 1940, avec une verve qui faisait danser les souvenirs. Ses récits, tissés de détails vivants et d’anecdotes hautes en couleur, avaient le pouvoir d’adoucir, le temps d’un instant, la rudesse de cette époque. Pourtant, l’ombre de la guerre contre le régime nazi pesait lourd, mêlée de tensions politiques et de bouleversements sociaux. L’Algérie, sous le joug colonial français, vibrait de frictions entre colons et populations indigènes. Mon père racontait les manifestations, les répressions brutales, les couvre-feux qui figeaient les nuits, les arrestations sans motif, les disparitions d’amis, qu’ils fussent colons ou autochtones. La vie était fragile : les soins rares, la pauvreté omniprésente, le quotidien une lutte sourde. Puis vint la guerre d’Algérie, un écho cruel de la Seconde Guerre mondiale, replongeant mon père dans un chaos familier. Mais dans ses histoires, il y avait autre chose. Une lumière perçait celle des fêtes villageoises, des jeux d’enfants dans les ruelles poussiéreuses, des instants volés de joie simple – un fruit partagé, un rire sous les étoiles. Cette façon qu’il avait de mêler la gravité à la légèreté, de faire jaillir la vie au cœur du drame, m’a bouleversé. C’est ce contraste qui a donné vie à mon projet. J’ai voulu plonger dans la manière dont la mémoire, qu’elle soit personnelle ou partagée, transforme la douleur en force vive. Les récits d’une existence, tissés de fragments bruts, révèlent des vérités profondes sur notre condition. En retraçant le chemin de mon père, je souhaitais faire résonner sa voix, mais aussi celle d’une génération dont les combats et les éclats de joie risquent de s’évanouir dans l’oubli ou l’indifférence. Ce reportage devait être un pont entre son passé et le présent, de manière de redonner chair à des expériences trop souvent réduites à des dates ou des statistiques. Je voulais capter l’écho des rues d’Alger, le murmure des souvenirs dans les silences de mon père, la force brute de ceux qui, malgré tout, trouvaient du sens dans les petites choses. Mais le destin en a décidé autrement. Quelques mois après notre première conversation, mon père s’en est allé, emportant avec lui une partie de son histoire. Ce projet, inachevé, reste un hommage. À lui, à ses mots, à cette Algérie qu’il portait en lui, à ces fragments de vie qui, même brisés, continuent de briller.


Exemple de témoignage :

Résumé de l'interview de Lucien Bergantz


En 1938, à 14 ans, je vivais sans crainte en Alsace auprès de mes parents, malgré l’ombre d’Hitler qui s’étendait. En 1939, Manurhin, manufacture mulhousienne réputée pour ses revolvers comme le MR 73 et plus tard reconvertie dans les machines à munitions, fuit Mulhouse pour Vichy face à l’avancée allemande, entraînant mon père et mon frère, employés là-bas. Apprenti, je les rejoins, embarqué dans des trains avec ouvriers et familles, déracinés. En 1940, les Allemands envahissent Vichy, l’usine ferme, nous laissant sans rien. Volontaires pour rentrer en Alsace… Nous sommes envoyés en Allemagne. Jusqu’en 1942, je sers dans la Wehrmacht, puis, le 25 août, Wagner ordonne l’incorporation forcée dans l’armée allemande, sous peine de mort. Toute tentative d’évasion mène à l’exécution et à la déportation des proches, comme pour les 19 repris à la frontière suisse, fusillés. Le RAD m’engloutit dans un labeur brutal, inhumain. Terrassé par la diphtérie, je passe trois mois à l’hôpital, puis je suis expédié en Yougoslavie. Là, je rejoins les partisans, mais une balle déchire ma jambe. Condamné, je suis sauvé par un officier partisan qui impose un garrot. Intégré à leurs rangs, je deviens "prolétaire" d’élite, bouleversé par La Marseillaise chantée en forêt bosniaque, cherchant toujours une porte de sortie. En 1944, avec un médecin partisan, nous sauvons trois aviateurs américains abattus. Craignant d’être laissé derrière, je lie mon destin au leur. Un major anglais, touché par mon sort, promet son aide. Deux semaines plus tard, une lettre m’ouvre la voie. Malgré un fémur mal guéri, jambe raccourcie de 4,5 cm, j’atteins un aérodrome, échappe aux Allemands et pose le pied à Bari, en Italie. Épuisé, je suis recueilli par les Alliés, puis envoyé à Naples après Monte Cassino. Incorporé dans la 1re armée française, je reçois des soins en Algérie, où des chaussures orthopédiques atténuent ma blessure. En 1945, je regagne Mulhouse via Paris. Dans le train, des officiers, d’abord défiants face à mon uniforme soigné, s’adoucissent en découvrant mon périple. Retrouver mes parents, après deux ans d’absence, est une émotion profonde, partagée par tant de rescapés.


Bergantz Lucien



Coptes

Présentation d’une sélection d’images du reportage





Coptes


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Ce reportage met en lumière la résilience des Coptes, un peuple dont l’héritage millénaire, riche et vivant, éclaire encore les routes qu’ils tracent, de l’Égypte à la France. Issus des pharaons et des Ptolémée, ils incarnent une identité dans laquelle s’entrelacent la foi chrétienne des premiers siècles et les traditions profondes de l’Égypte ancienne. Face aux tumultes politiques, aux persécutions et aux bouleversements qui ont frappé leur terre, ils ont su protéger leur langue, leurs rites et leur art. Tout en s’adaptant aux mutations du monde, ils portent avec fierté un patrimoine sculpté par des siècles de résistance, un souffle qui ne plie pas. Leur force puise dans une spiritualité profonde, enracinée dans les débuts du christianisme, et dans une aptitude à relier passé et avenir avec une fluidité rare. En France, la diaspora copte tisse sa culture dans le paysage local, offrant sa musique, ses icônes peintes avec une finesse sacrée, et des récits qui traversent les générations. Venus souvent par l’exil ou en quête d’un meilleur horizon, ces hommes et femmes ne se contentent pas de s’adapter : ils partagent leur patrimoine avec une chaleur qui touche. Dans les églises, les associations ou lors de manifestation, ils font vibrer des traditions comme la liturgie copte, dont les chants, à la fois graves et aériens, semblent porter l’écho d’un temps lointain. Leur présence est un dialogue vivant entre mémoire et renouveau, un fil tendu entre l’Égypte ancienne et les terres d’accueil. Pourtant, leur regard est tourné vers l’avenir. Ils s’impliquent dans la société française, tissant des liens avec d’autres communautés tout en restant fidèles à leurs racines. Le reportage met aussi en lumière l’importance cruciale de la transmission. Les aînés transmettent aux jeunes la langue copte, les récits des ancêtres et les motifs raffinés de leur art. Cette passation, bien plus qu’une obligation, s’apparente à une résistance vibrante, un refus de l’oubli, une affirmation de leur existence dans le monde. Les Coptes conjuguent un équilibre subtil : ils chérissent leur passé sans s’y figer, accueillent la modernité tout en restant ancrés dans leurs racines. Leur histoire, mêlant épreuves surmontées et créativité sans cesse réinventée, porte une leçon universelle : la résilience naît de la capacité à faire du passé une flamme qui éclaire, non un poids qui entrave. De l’Égypte à la France, entre tradition et renouveau, leur cheminement inspire, montrant qu’une culture vivante transcende frontières et limites.


Pourquoi rechercher et capturer ces âmes croyantes ?

Je me suis lancé dans ces reportages photo au cœur de communautés chrétiennes – des Coptes traditionalistes avec leurs rites anciens aux évangéliques, en passant par ces petites paroisses catholiques où le silence te touche presque physiquement. Ce n’est pas que je sois attiré par la religion, loin de là. Ce qui me happe, c’est de comprendre ce qui fait vibrer ces gens. Pourquoi ils se retrouvent, pourquoi ils bâtissent leur vie autour d’un dieu, peu importe son nom ? Derrière mon appareil, je guette cette flamme, ce fil invisible qui les relie tous. Chaque communauté a son âme, ses gestes, sa façon unique de vivre la foi. Dans une église évangélique, c’est l’énergie des chants et des danses qui t’emporte. Dans une paroisse copte, c’est la solennité des rituels, comme un voyage dans le temps. Et dans un coin perdu, une chapelle catholique où l’on n’entend que le murmure des prières, tu sens une paix quasiment tangible. Mais au fond, ce n’est pas le dogme qui me fascine. Ce sont les gens : un regard échangé pendant un chant, une main posée sur une épaule, un sourire qui cache une histoire, des larmes qui parlent sans mots. Pourquoi ces personnes, toutes si différentes, se rassemblent autour d’une croyance ? Est-ce l’espoir d’un sens plus grand, la chaleur d’une communauté, ou juste ce besoin d’appartenir à quelque chose qui nous dépasse ? Quand je pose mon appareil, je me surprends à cogiter. Je ne cours pas après des vérités absolues, non, juste après ces petits éclats d’humanité qui surgissent dans un instant capturé. Faire ces reportages, c’est ma manière de plonger dans ce mystère : comment une foi, une idée, peut façonner des vies, tisser des liens aussi puissants ? Chaque photo, c’est une bribe de réponse, un pas de plus pour saisir ce qui fait battre le cœur de ces communautés.



Entre étoiles et doutes : une quête de sens, un murmure d’âme

Je suis passionné d’astronomie. Je passais des heures lire tout ce qui est publié sur le sujet, émerveiller devant l’immensité de l’univers et l’immensité de l’infiniment petit — je me sens extrêmement vivant. Pourtant, je me suis longtemps dit athée, convaincu que l’univers n’avait pas besoin d’une grande explication divine pour exister, je le comparais souvent à un mikado, mais j’avais oublié la main divine. Plus je plonge dans mes pensées, plus je scrute mon être, plus je dissocie mon corps et autre chose, certain, l’appelle “âme“, moi, je ne sais pas quel nom lui donner. Plus je contemple cet univers gigantesque qui nous entoure, plus je me surprends à douter. Pas un doute qui remet tout en question, mais une sorte d’ouverture. Je glisse doucement vers l’agnosticisme, je crois. C’est étrange, cette sensation. Quand je regarde les nébuleuses ou que j’essaie de saisir l’infini du cosmos, une question me hante : pourquoi suis-je là, à me poser cette question ? Pourquoi moi, un grain de poussière dans cet univers démesuré, je me retrouve à chercher un sens, une raison ? Ce n’est pas juste une réflexion intellectuelle, c’est presque viscéral. Je me demande si l’univers, dans son chaos magnifique, n’essaie pas de me murmurer quelque chose – ou si c’est seulement mon esprit qui cherche à combler le vide. Entre la science qui m’ancre et ce mystère qui m’échappe, je navigue, curieux, un peu perdu, mais fasciné.



Boxing Club Blagnac

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Boxing Club Blagnac


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Au cœur de la banlieue toulousaine, le Boxing Club de Blagnac (BBC) s’impose comme un lieu vibrant d’histoire, loin d’être une simple salle d’entraînement. Institution emblématique de la boxe française, ce club a vu éclore des talents qui ont façonné ce sport exigeant. Depuis ses débuts, il a rassemblé des générations de combattants, dont certains ont atteint des sommets, marquant son héritage d’une empreinte indélébile. La salle du BBC, un sanctuaire dédié à la boxe, respire la sueur, la détermination et l’effort. Ses murs, usés par le temps, murmurent une saga silencieuse de combats, de triomphes et de revers surmontés. L’atmosphère, lourde d’un travail acharné, résonne des coups frappés sur le sac et des échanges sur le ring, comme un chant dédié à l’ambition et à la ténacité. Ce lieu brut, avec ses cordes vibrant sous l’effort et ses équipements patinés, porte une quête d’excellence presque sacrée. Les boxeurs qui s’y entraînent ne sont pas de simples sportifs : une détermination farouche les anime, les poussant à se dépasser sans cesse. Chaque séance devient une épreuve avec laquelle se mêlent technique, puissance, endurance et un mental forgé pour atteindre les sommets. Cette discipline, mêlée de passion brute, forge des caractères d’exception, préparant les combattants aux rings les plus prestigieux. Leur engagement, autant physique que mental, a permis à plusieurs de s’élever jusqu’aux cimes de la boxe internationale. Parmi les figures emblématiques du BBC, Pierre Joly brille comme un pionnier. En 1987, Pierre Joly, champion d’Europe des poids moyens, s’est distingué par une boxe technique et une intelligence tactique hors pair. Des décennies plus tard, Mahyar Monshipour, né en Iran et adopté par la France, a pris la relève avec panache. Surnommé « Little Tyson » pour son style explosif, il a conquis six fois le titre mondial WBA des poids super-coqs entre 2003 et 2006, inscrivant une page éclatante dans l’histoire du Boxing Club de Blagnac. Ces figures incarnent l’essence du BBC : un mélange de courage, de dépassement de soi et d’une volonté inébranlable. Pourtant, le club ne se réduit pas à ses succès d’antan. Il reste un espace vivant où amateurs et compétiteurs aguerris s’entraînent avec la même ferveur. Loin d’être une simple salle de sport, c’est un temple dans lequel chaque goutte de sueur, chaque coup donné, célèbre la discipline. Les entraîneurs, dépositaires d’un savoir précieux, transmettent rigueur technique et philosophie de vie. Les boxeurs, unis par un sentiment d’appartenance, tissent une communauté soudée. À travers ces photographies, on perçoit l’intensité des entraînements et l’âme d’un lieu où naissent des rêves et se forgent des légendes. Le BBC est un laboratoire de la grandeur humaine, où chaque séance marque une étape vers l’accomplissement. Pour ceux qui le fréquentent, qu’ils visent un titre mondial ou une victoire personnelle, ce club incarne ce que la boxe offre de plus noble : une voie vers l’excellence, pavée de sacrifices et de triomphes.




Moniales Dominicaines du monastère Saint Dominique

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Moniales Dominicaines du monastère Saint Dominique


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À Dax, niché dans les Landes, le monastère Saint-Dominique abrite des Dominicaines qui vouent leur vie à la spiritualité et aux autres. En suivant la règle de Saint-Augustin, elles rythment leurs journées avec la prière, la contemplation et un artisanat qui donne une âme à la région. Leur tâche principale, c’est de préparer le pain d’autel, bien plus qu’un simple métier : chaque pain, façonné avec soin pour les messes, devient une offrande empreinte de foi, un geste humble chargé de sens. Dès l’aube, leurs prières matinales emplissent le silence du monastère. Puis vient la messe, un moment où elles se retrouvent unies, le cœur ouvert. Ensuite, chacune prend sa part des tâches : certaines pétrissent la pâte, d’autres s’occupent du monastère ou règlent les détails du quotidien. Leurs journées s’entrelacent entre l’étude des écritures saintes et des instants de méditation personnelle, silences précieux qui approfondissent leur lien avec Dieu. Ce recueillement, essence de leur vocation, est une quête inlassable de paix intérieure et de vérité. Depuis 1863, le monastère Saint-Dominique ouvre ses portes bien au-delà des sœurs. C’est un refuge pour ceux qui cherchent un moment de calme ou des réponses à des questions profondes. Les Dominicaines accueillent tout le monde avec une chaleur simple, partageant leur quotidien modeste, mais rempli de sens, idéal pour se poser et réfléchir. Ancré dans son passé, ce lieu sait vivre avec son temps tout en restant fidèle à son cœur. Les Dominicaines se mêlent à la vie de Dax avec douceur, partageant leur bienveillance à travers le pain d’autel qu’elles préparent. Ce travail, loin d’être juste une façon de gagner leur vie, montre leur désir sincère de nourrir les âmes autant que les corps. Elles choisissent des ingrédients simples, mais avec soin, et chaque pain porte l’héritage d’un savoir-faire transmis de génération en génération. En suivant la règle de Saint-Augustin, elles trouvent un équilibre entre les moments passés ensemble et ceux où elles se retrouvent seules. Les prières en groupe renforcent leur lien, tandis que les instants de solitude nourrissent leur monde intérieur. Ce rythme, à la fois cadré et apaisant, donne une profondeur unique à leurs journées. Le monastère Saint-Dominique, à Dax, est un endroit où le sacré et le quotidien se mêlent avec douceur. Par leur dévouement, les Dominicaines font vivre une spiritualité qui touche bien au-delà de leurs murs. Leur présence, discrète, mais précieuse, fait d’elles les gardienne d’une tradition qui inspire et soutient tous ceux qui croisent leur chemin. Les Dominicaines participent à la vie locale avec discrétion et bienveillance, notamment à travers la vente de leur pain d’autel. Ce travail, loin d’être une simple source de revenu, incarne leur désir de nourrir les âmes autant que les corps. À partir d’ingrédients simples, mais rigoureusement sélectionnés, chaque fournée perpétue un savoir-faire transmis de génération en génération. Suivre la règle de Saint-Augustin, c’est pour elles harmoniser la vie communautaire et les moments de solitude. Les prières collectives soudent leur unité, tandis que les retraites personnelles cultivent leur intériorité. Ainsi, le monastère Saint-Dominique de Dax est un lieu où le sacré s’entremêle à l’ordinaire. Par leur engagement, les Dominicaines font rayonner une spiritualité vivante qui dépasse les murs de leur enceinte. Leur présence, subtile, mais essentielle, fait d’elles les gardienne d’une tradition qui continue d’inspirer et de soutenir ceux qui les entourent.


Pourquoi rechercher et capturer ces âmes croyantes ?

Je me suis lancé dans ces reportages photo au cœur de communautés chrétiennes – des Coptes traditionalistes avec leurs rites anciens aux évangéliques, en passant par ces petites paroisses catholiques où le silence te touche presque physiquement. Ce n’est pas que je sois attiré par la religion, loin de là. Ce qui me happe, c’est de comprendre ce qui fait vibrer ces gens. Pourquoi ils se retrouvent, pourquoi ils bâtissent leur vie autour d’un dieu, peu importe son nom ? Derrière mon appareil, je guette cette flamme, ce fil invisible qui les relie tous. Chaque communauté a son âme, ses gestes, sa façon unique de vivre la foi. Dans une église évangélique, c’est l’énergie des chants et des danses qui t’emporte. Dans une paroisse copte, c’est la solennité des rituels, comme un voyage dans le temps. Et dans un coin perdu, une chapelle catholique où l’on n’entend que le murmure des prières, tu sens une paix quasiment tangible. Mais au fond, ce n’est pas le dogme qui me fascine. Ce sont les gens : un regard échangé pendant un chant, une main posée sur une épaule, un sourire qui cache une histoire, des larmes qui parlent sans mots. Pourquoi ces personnes, toutes si différentes, se rassemblent autour d’une croyance ? Est-ce l’espoir d’un sens plus grand, la chaleur d’une communauté, ou juste ce besoin d’appartenir à quelque chose qui nous dépasse ? Quand je pose mon appareil, je me surprends à cogiter. Je ne cours pas après des vérités absolues, non, juste après ces petits éclats d’humanité qui surgissent dans un instant capturé. Faire ces reportages, c’est ma manière de plonger dans ce mystère : comment une foi, une idée, peut façonner des vies, tisser des liens aussi puissants ? Chaque photo, c’est une bribe de réponse, un pas de plus pour saisir ce qui fait battre le cœur de ces communautés.


Entre étoiles et doutes : une quête de sens, un murmure d’âme

Je me suis lancé dans ces reportages photo au cœur de communautés chrétiennes – des Coptes traditionalistes avec leurs rites anciens aux évangéliques, en passant par ces petites paroisses catholiques où le silence te touche presque physiquement. Ce n’est pas que je sois attiré par la religion, loin de là. Ce qui me happe, c’est de comprendre ce qui fait vibrer ces gens. Pourquoi ils se retrouvent, pourquoi ils bâtissent leur vie autour d’un dieu, peu importe son nom ? Derrière mon appareil, je guette cette flamme, ce fil invisible qui les relie tous. Chaque communauté a son âme, ses gestes, sa façon unique de vivre la foi. Dans une église évangélique, c’est l’énergie des chants et des danses qui t’emporte. Dans une paroisse copte, c’est la solennité des rituels, comme un voyage dans le temps. Et dans un coin perdu, une chapelle catholique où l’on n’entend que le murmure des prières, tu sens une paix quasiment tangible. Mais au fond, ce n’est pas le dogme qui me fascine. Ce sont les gens : un regard échangé pendant un chant, une main posée sur une épaule, un sourire qui cache une histoire, des larmes qui parlent sans mots. Pourquoi ces personnes, toutes si différentes, se rassemblent autour d’une croyance ? Est-ce l’espoir d’un sens plus grand, la chaleur d’une communauté, ou juste ce besoin d’appartenir à quelque chose qui nous dépasse ? Quand je pose mon appareil, je me surprends à cogiter. Je ne cours pas après des vérités absolues, non, juste après ces petits éclats d’humanité qui surgissent dans un instant capturé. Faire ces reportages, c’est ma manière de plonger dans ce mystère : comment une foi, une idée, peut façonner des vies, tisser des liens aussi puissants ? Chaque photo, c’est une bribe de réponse, un pas de plus pour saisir ce qui fait battre le cœur de ces communautés.



1 Rue de la Fonderie

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1 rue de la Fonderie


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Dans les années 1980, à Mulhouse, tout le monde connaissait la « Giassareï », comme on l’appelait en alsacien – la « fonderie ». Son vrai nom, c’était la S.A.C.M., la Société Alsacienne de Construction Mécanique. Cette usine, c’était un pilier, une fierté de la région. Depuis 1826, elle faisait partie du décor, avec ses 170 ans d’histoire, portant haut l’innovation et le talent alsacien. Elle a mis Mulhouse sur la carte, en plein cœur de la révolution industrielle. Au début, c’était le royaume des machines textiles, pour une Alsace où le fil et le tissu étaient rois. Mais la Giassareï, solides comme un roc , ne s’est pas arrêtée là. Avec le temps, milieu XIV siècle, elle s’est lancée dans les machines à vapeur en tout genre ainsi que des locomotives, dans les années 1930 dans les moteurs diesel. Elle avait ce don de se réinventer, de coller aux changements d’un monde qui bougeait vite. Et ça, ça la rendait spéciale, bien au-delà des frontières de de l’Est de la France. Pendant plus de vingt ans, j’ai passé ce grand portail en fer tous les matins. Il avait une allure, ce portail, un peu comme une porte vers un autre monde. À l’intérieur, c’était vivant ! Les ateliers bourdonnaient : les machines rugissaient, des étincelles jaillissaient de partout, et l’odeur du métal chaud te prenait au nez. Les gars – et quelques femmes – s’activaient dans tous les coins, un vrai ballet. On voyait la fatigue sur leurs visages, mais aussi une sorte de fierté, celle d’un boulot dur mais fait ensemble, avec du cœur.J’ai moi-même œuvré dans ces lieux vibrants, façonnant des pièces pour les moteurs diesel. Chaque composant que je préparais s’intégrait dans un ensemble plus vaste, un rouage vital pour ces machines puissantes. Ce travail, exigeant une attention soutenue, m’apportait une satisfaction profonde : voir une mécanique s’animer grâce à notre effort collectif était une récompense en soi. Mais l’usine était plus qu’un lieu de production ; elle formait une communauté soudée. Les ouvriers, de tous horizons, parlaient un langage commun de gestes techniques et de solidarité. Les anciens partageaient leur expérience avec les novices, perpétuant un savoir-faire précieux. Les pauses, fugaces, étaient ponctuées de rires, de cafés rapides et d’histoires sur la vie de l’usine. En 1995, un nouvel élan m’a saisi : j’ai commencé à photographier ces ouvriers avec un Nikon F des années soixante. J’éprouvais le besoin urgent de capturer leurs regards, de figer ces instants de vie face à l’usure du temps. La photographie est devenue mon outil pour honorer ces figures anonymes, marquées par le bruit assourdissant, la chaleur étouffante et la poussière omniprésente. Ces images révélaient les stigmates du travail – l’épuisement, les corps usés – tout en célébrant leur humanité. Cette série, né jour après jour, mêlait la rudesse du labeur à une beauté brute.




Communauté du Divin Amour

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C.M.D.A.


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Communauté du Divin Amour

Immersion au cœur de la communauté du Divin Amour. J'ai tout de suite senti une énergie incroyable, un mélange de foi profonde et de joie qui les prend aux tripes. Cette communauté, c’est un peu comme une grande famille : des laïcs et des prêtres réunis par une passion commune, celle de vivre leur foi catholique avec un nouveau souffle. Ils portent cette identité africaine avec fierté, tout en s’ouvrant au monde entier. Ce qui m’a marqué d’emblée, c’est l’ambiance. Oublie les messes solennelles où tout le monde reste figé. Avec le Divin Amour, une messe, c’est une fête ! Dès que les tambours et les guitares s’élancent, l’église s’anime. Les gens chantent à tue-tête, dansent, lèvent les mains. Ce ne sont pas juste des spectateurs, ils vivent la célébration, corps et âme. Les mélodies africaines, pleines de rythme, te donnent envie de bouger, et les louanges ont une ferveur qui te touche, même si tu n'es pas habitué à ce genre d’élan. Les prêtres, souvent jeunes, ont une énergie communicative. Ils viennent du Renouveau Charismatique Catholique, et ça se sent : ils secouent les codes traditionnels sans renier la foi. On les trouve dans des paroisses en France, et même ailleurs dans le monde, où ils apportent cette fraîcheur qui parle autant aux fidèles de toujours qu’aux jeunes qui ne mettaient plus les pieds à l’église. Leur façon de faire, c’est comme un nouveau vent qui réveille tout sur son passage. Mais au-delà des messes, ce qui fait la force de cette communauté, c’est la fraternité. Après la célébration, on se retrouve fréquemment autour d’un repas ou juste pour discuter. Les prêtres et les laïcs sont proches, comme des frères et sœurs. On parle de tout : de la foi, bien sûr, mais aussi des galères du quotidien, des projets, des rêves. Cette chaleur humaine, cette écoute, ça attire toutes sortes de gens – des familles, des jeunes, des personnes qui cherchent un sens à leur vie. Pour beaucoup, c’est un refuge, un endroit où on se sent chez soi. La communauté puise dans la culture ivoirienne – ses rythmes, sa joie, ses couleurs – mais elle s’inscrit aussi dans une Église catholique plus large. Les prêtres ne tournent pas le dos à la tradition ; ils la réinventent, la rendent vivante. Leur énergie ; c’est comme une mama africaine qui ne cherche pas à diviser, mais à rassembler, à redonner vie à des paroisses un peu endormies. En repartant, j’avais une certitude : le Divin Amour, ce n’est pas juste une communauté qui célèbre des messes. Ils célèbrent la vie, avec une foi joyeuse et profondément humaine. À une époque où l’Église cherche à se renouveler, ces prêtres et laïcs montrent un chemin audacieux, plein de cœur et d’élan.


Pourquoi rechercher et capturer ces âmes croyantes ?

Je me suis lancé dans ces reportages photo au cœur de communautés chrétiennes – des Coptes traditionalistes avec leurs rites anciens aux évangéliques, en passant par ces petites paroisses catholiques où le silence te touche presque physiquement. Ce n’est pas que je sois attiré par la religion, loin de là. Ce qui me happe, c’est de comprendre ce qui fait vibrer ces gens. Pourquoi ils se retrouvent, pourquoi ils bâtissent leur vie autour d’un dieu, peu importe son nom ? Derrière mon appareil, je guette cette flamme, ce fil invisible qui les relie tous. Chaque communauté a son âme, ses gestes, sa façon unique de vivre la foi. Dans une église évangélique, c’est l’énergie des chants et des danses qui t’emporte. Dans une paroisse copte, c’est la solennité des rituels, comme un voyage dans le temps. Et dans un coin perdu, une chapelle catholique où l’on n’entend que le murmure des prières, tu sens une paix quasiment tangible. Mais au fond, ce n’est pas le dogme qui me fascine. Ce sont les gens : un regard échangé pendant un chant, une main posée sur une épaule, un sourire qui cache une histoire, des larmes qui parlent sans mots. Pourquoi ces personnes, toutes si différentes, se rassemblent autour d’une croyance ? Est-ce l’espoir d’un sens plus grand, la chaleur d’une communauté, ou juste ce besoin d’appartenir à quelque chose qui nous dépasse ? Quand je pose mon appareil, je me surprends à cogiter. Je ne cours pas après des vérités absolues, non, juste après ces petits éclats d’humanité qui surgissent dans un instant capturé. Faire ces reportages, c’est ma manière de plonger dans ce mystère : comment une foi, une idée, peut façonner des vies, tisser des liens aussi puissants ? Chaque photo, c’est une bribe de réponse, un pas de plus pour saisir ce qui fait battre le cœur de ces communautés.


Entre étoiles et doutes : une quête de sens, un murmure d’âme

Je suis passionné d’astronomie. Je passais des heures lire tout ce qui est publié sur le sujet, émerveiller devant l’immensité de l’univers et l’immensité de l’infiniment petit—je me sens extrêmement vivant. Pourtant, je me suis longtemps dit athée, convaincu que l’univers n’avait pas besoin d’une grande explication divine pour exister, je le comparais souvent à un mikado, mais j’avais oublié la main divine. Plus je plonge dans mes pensées, plus je scrute mon être, plus je dissocie mon corps et autre chose, certain, l’appelle “âme“, moi, je ne sais pas quel nom lui donner. Plus je contemple cet univers gigantesque qui nous entoure, plus je me surprends à douter. Pas un doute qui remet tout en question, mais une sorte d’ouverture. Je glisse doucement vers l’agnosticisme, je crois. C’est étrange, cette sensation. Quand je regarde les nébuleuses ou que j’essaie de saisir l’infini du cosmos, une question me hante : pourquoi suis-je là, à me poser cette question ? Pourquoi moi, un grain de poussière dans cet univers démesuré, je me retrouve à chercher un sens, une raison ? Ce n’est pas juste une réflexion intellectuelle, c’est presque viscéral. Je me demande si l’univers, dans son chaos magnifique, n’essaie pas de me murmurer quelque chose – ou si c’est seulement mon esprit qui cherche à combler le vide. Entre la science qui m’ancre et ce mystère qui m’échappe, je navigue, curieux, un peu perdu, mais fasciné.





Un dimanche matin au “Tout Va Bien"

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Un dimanche matin au “Tout va Bien"


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Depuis des années, je traversais chaque matin le quartier Kléber à Mulhouse, passant devant l’imposant mur de l’usine S.A.C.M., un vestige d’histoire industrielle. Ce trajet, je le faisais presque sans y penser, comme une habitude ancrée. Mais un jour, quelque chose a changé : mon regard s’est attardé, captant un nouvel éclat dans ce décor familier. Entre absence et incertitudes, une quête de sens s’est éveillée, comme un murmure au fond de moi. J’ai commencé à observer les clients des commerces, les visages familiers, et les enfants qui jouaient librement dans la rue, insouciants et pleins de vie. J’ai réalisé alors à quel point j’avais négligé de vraiment regarder ce quartier, que je traversais pourtant si souvent, me contentant de le voir sans le voir. Cette prise de conscience a éveillé en moi une envie profonde, quasiment une nécessité, de capturer cet instant de vie ordinaire, mais précieux, de le graver dans ma mémoire pour qu'il ne s'efface pas. Je voulais pouvoir témoigner de l’âme de ces lieux, et le dernier et le plus ancien bar du quartier le "Tout Va Bien“. Ce bar, dernier témoin d’une époque révolue, était le seul à avoir survécu là où le quartier en comptait jadis plus d’une douzaine. Ces lieux chaleureux, où les gens se retrouvaient, s’étaient éteints peu à peu. Ce matin-là, j’ai ressenti un besoin pressant de préserver cette ambiance unique, un mélange de nostalgie et de simplicité, comme un écho précieux d’un patrimoine social qui s’efface. C’était un dimanche matin au "Tout Va Bien“.




Dominicains-Communauté du couvent Saint-Thomas-d’Aquin

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Dominicains-Communauté du couvent Saint-Thomas-d’Aquin


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Ce projet a été mené avec une spontanéité rare, sans les questionnements habituels qui peuvent parfois paralyser l'action. Ces interrogations, souvent trop nombreuses, ont été laissées de côté pour privilégier une approche instinctive et sensorielle, où chaque décision était guidée par l'intuition et le ressenti. La confiance que m'ont accordée les membres de la communauté du couvent Saint-Thomas-d’Aquin a été immédiate et totale. Cette confiance m'a imposé une grande responsabilité : celle de ne pas les décevoir. J'ai ressenti un profond respect pour l'intimité de leur foi, une foi que je ne voulais ni profaner ni galvauder par inadvertance ou par manque de tact. Une fois mon travail auprès d’eux terminé, j'ai voulu laisser une empreinte de mon passage et de notre collaboration. J'ai donc compilé mes observations et mes images dans un recueil de photos, soigneusement structuré comme un livre. Ce livre, je l'ai conçu comme un cadeau, un témoignage de gratitude et un souvenir tangible de notre temps ensemble, offrant ainsi aux membres de la communauté une trace durable de ce moment unique que nous avons vécu ensemble.




Venise coté cour

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Venise coté cour

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Ville à échelle humaine, cité aux multiples architectures où se mêlent harmonieusement le gothique flamboyant, la Renaissance somptueuse et les touches baroques, lieu enivrant qui captive les sens et l’âme. Chaque Sestiere, comme un petit monde à part entière, possède son propre Campo, cœur vibrant où la vie pulse au rythme des pas, des voix et des éclats de rires. Cette ville nous invite, presque avec malice, à nous perdre avec bonheur dans ses nombreuses Calli et Rio Terà, ces ruelles et passages enchevêtrés, aux détours labyrinthiques, où l’on se sent à la fois perdu et merveilleusement vivant. Mais, rassurés, nous savons qu’une Fondamente, bordant la lagune d’un murmure d’eau salée, viendra toujours à notre secours, nous offrant une échappée belle vers l’horizon miroitant. Mystérieuse et exigeante, elle ne se donne pas facilement. Elle nous ordonne, d’une voix silencieuse, mais impérieuse, de la parcourir mille fois en tous sens, de fouler ses ponts arqués, de longer ses canaux scintillants, de nous perdre dans ses ombres et ses lumières changeantes, pour tenter – mais jamais complètement – de comprendre comment elle a choisi de s’organiser, selon une logique qui semble défier le temps et l’espace. Cette ville, singulière, tisse avec ses habitants un lien profond, presque charnel, mêlé de révérence, de souvenirs et d’émerveillement. Chaque pierre polie par le temps, chaque miroitement sur les canaux paraissait murmurer des récits anciens, comme si le passé vivait encore dans l’ombre des ruelles. Moi, simple voyageur, je me perds volontiers dans ce labyrinthe, porté par une curiosité avide, cherchant à saisir l’insaisissable. Je m’arrête, saisi, devant une façade sculptée qui surgit comme une apparition au coin d’une rue étroite. Je m’attarde, charmé, sur le sourire d’un artisan façonnant son œuvre avec une patience d’un autre âge, ou sur les notes d’un violon qui s’élèvent d’une placette oubliée. Au crépuscule, le glissement silencieux d’une gondole sur l’eau noire m’envoûte, comme un écho d’un temps suspendu. Écrire sur cette ville, c’est tenter de capturer une émotion brute, une ferveur qui déborde et défie les mots. Chaque phrase est un effort pour rendre hommage à son éclat, à ses secrets, à cette âme qui pulse sous la surface. Pourtant, je sais que les mots, aussi sincères soient-ils, ne suffiront jamais à épuiser son mystère. Ils ne peuvent qu’effleurer la magie de cet endroit, où chaque instant semble chargé d’une éternité fragile. Mais je sais que, finalement, elle restera toujours un peu insaisissable, gardant jalousement une part de son secret, nous laissant toujours désirer revenir, encore et encore, pour tenter de la comprendre un peu plus.




Famous

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Famous


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Passion humaine

Cette série de portraits rend hommage à la passion et au dévouement, ces forces qui habitent les âmes et les poussent à se dépasser. Chaque image raconte une histoire unique, un voyage intime au cœur de vies extraordinaires. On y découvre des visages figés dans un instant de concentration, d’élan créatif ou de victoire, révélant ce qui les anime : une flamme qui brûle malgré les doutes, les obstacles ou les revers. Ces portraits ne se limitent pas à montrer des traits ; ils dévoilent des parcours, des choix, des sacrifices. Derrière chaque toile, chaque mot écrit, chaque note jouée ou chaque exploit, il y a une personne qui a donné son temps, son cœur, sa détermination. Certains ont grandi dans l’ombre, d’autres ont surmonté des tempêtes, mais tous partagent ce désir ardent de laisser une trace, de donner vie à leurs rêves. Les images capturent plus que du talent brut. Elles révèlent des heures de labeur, des nuits sans sommeil, des échecs transformés en leçons, une persévérance discrète qui façonne les destins. Cette série célèbre leur courage, leur génie, leur résilience. Chaque portrait est un miroir : il reflète ces individus, mais aussi une part de nous-mêmes, un écho de nos propres aspirations. Un regard intense, une main serrée sur un pinceau, une posture marquée par l’effort – ces détails murmurent une vérité universelle. Derrière chaque œuvre, chaque performance, il y a une âme qui a lutté, cru, persévéré. Ces portraits ne célèbrent pas seulement la réussite ; ils honorent le chemin parcouru, le travail acharné, la quête incessante de beauté et de vérité. En les contemplant, on se sent lié à quelque chose de plus grand : la capacité humaine à rêver, créer, surmonter. Cette série nous invite à réfléchir à ce qui nous pousse en avant, à la valeur de l’effort, à la force d’une passion nourrie avec constance. Car le talent seul ne suffit pas – c’est la discipline, la foi en soi, qui transforme une idée en légende. À travers ces visages, c’est l’esprit humain, dans toute sa grandeur, que nous célébrons.




Portraits

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Portraits


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Moments d’humanité

Quand j’ai pris ces photos, je ne cherchais pas juste à faire de belles images. Je voulais attraper ces moments où l’on voit vraiment quelqu’un – un regard qui raconte une vie entière, un sourire qui cache une douleur, une expression qui dit tout sans un mot. Chaque photo, c’est comme entrouvrir une porte sur l’intimité de quelqu’un, un petit bout de ses joies, de ses galères, de ses rêves. Ce ne sont pas seulement des portraits. C’est une invitation à ressentir ce que l’autre porte en lui. Chaque visage a son histoire, comme une page arrachée d’un carnet secret. Il y a des regards qui pèsent lourd, chargés de souvenirs. Des sourires qui brillent malgré les tempêtes. Une mâchoire serrée, pleine de détermination. Un front plissé, perdu dans une pensée. Ces détails, on pourrait passer à côté si on va trop vite. Mais quand on prend le temps, ils murmurent des combats, des passions, des espoirs qui tiennent bon. En faisant ces photos, je voulais créer un lien, un vrai. Entre celui qui est devant l’objectif et celui qui regarde. Je voulais qu’on se reconnaisse, qu’on sente un peu de soi dans l’autre. Bien sûr, j’ai peaufiné la lumière, les angles, mais ce qui comptait vraiment, c’était d’attendre le moment où la façade tombe, où la personne se montre telle qu’elle est. Ces images, ce ne sont pas des poses. Ce sont des instants donnés, des éclats d’humanité, simples et vrais. Ce projet, c’est le fruit de rencontres. Certaines rencontres n’ont duré qu’un moment, un échange furtif, mais d’autres se sont gravées en moi pour longtemps. Chaque personne m’a ouvert une porte sur son univers – ses combats, ses rêves, ses éclats de rire. Chacun m’a offert un bout de son histoire, unique et vibrant, comme un cadeau qu’on n’oublie pas. Chacun a apporté une touche unique, une couleur à ce patchwork. Ces portraits montrent à quel point on est tous différents – nos vies, nos chemins, nos combats – mais aussi ce qui nous unit : nos émotions, nos espoirs, notre façon d’avancer. Quand on regarde ces photos, on ne fait pas que voir. On écoute. Un regard, un sourire, une ride, c’est comme une conversation sans mots, qui passe par-dessus les langues, les cultures, tout. Cette série, c’est ma manière de célébrer ce qui nous rend humains : nos failles, notre force, nos rêves un peu fous. Elle nous invite à ralentir, à regarder vraiment, à se connecter. Et peut-être, en chemin, à mieux comprendre les autres – et nous-mêmes.




Coprs

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Corps


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Humanité à fleur de peau — corps et âmes à nu

Cette série de photos, c’est ma façon d’explorer la beauté brute du corps humain, à travers la nudité, sans filtre. Chaque image attrape quelque chose d’unique : la fragilité qu’on porte tous en nous, la force qui nous pousse à tenir bon, et cette singularité qui fait qu’aucun corps ne ressemble à un autre. Je voulais montrer la richesse des silhouettes – marquées par le temps, sculptées par l’effort ou simplement telles qu’elles sont, dans leur vérité nue. La nudité, souvent mal à l’aise dans nos sociétés, je l’ai vue autrement. Pas comme une faiblesse ou un tabou, mais comme une forme d’art, un langage qui parle de vérité. Ces photos transforment un corps en une histoire, sans artifices, juste la vie à l’état pur. Elles invitent à ralentir, à regarder vraiment, et à se demander : c’est quoi, la beauté ? Comment on apprend à s’accepter, à accepter les autres ? Quels préjugés traînent encore dans nos têtes ? J’ai travaillé chaque image avec soin. La lumière, parfois douce comme une caresse, parfois vive pour marquer les contrastes, dessine les courbes, fait danser les ombres, révèle la peau comme une toile vivante. Les cadrages, tantôt audacieux, tantôt tout proches, cherchent à faire ressortir l’émotion. Ce n’est pas juste une question de technique, mais une envie de dépasser les barrières, de montrer la nudité avec respect, comme un miroir de notre humanité. Ces photos, ce ne sont pas seulement des corps. Ce sont des histoires. Des vies marquées par des joies, des luttes, des silences. Le courage discret de se dévoiler. La liberté de laisser tomber les masques. Chaque image célèbre cette humanité imparfaite, si belle dans ses différences. En les regardant, on est invité à voir avec bienveillance, à reconnaître la beauté qui vit en chacun de nous, dans nos corps, dans nos âmes.




Diptyques

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Diptyques


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Visages à deux voix en toute cohérence

Ces diptyques, c’est ma façon de plonger dans la complexité des émotions humaines, dans ces visages qui sont comme des miroirs de l’âme, où se mêlent la joie et la peine, l’assurance et le doute. Chaque paire d’images raconte une histoire, un bout de vie où deux moments semblent différents, mais sont liés par quelque chose de plus grand – ce qu’on vit tous, à notre manière. Ces instants figés, ils montrent la beauté fragile de nos contradictions, la richesse de ce qu’on porte en nous. J’ai voulu que chaque détail compte. La peau marquée par les années, un sourire qui se dessine à peine, un regard perdu dans ses pensées – tout ça devient presque vivant, comme si on pouvait le toucher. La lumière et les ombres, je les ai travaillées pour qu’elles sculptent les visages, pour qu’elles fassent ressortir chaque nuance, chaque frémissement d’émotion qu’on ne dit pas toujours à voix haute. C’est dans ces petits riens – un pli au coin des yeux, une tension dans la mâchoire – qu’on entrevoit ce qui se passe à l’intérieur. Ces photos, ce ne sont pas juste des images. C’est une façon de comprendre ce qui nous traverse – ces émotions en pagaille, belles dans leur chaos. Chaque diptyque, c’est une invitation à creuser un peu, à chercher ce qui se cache derrière un sourire éclatant ou un regard qui porte mille souvenirs. Ça parle de nous, de cette humanité un peu bancale, pleine de contradictions, mais tellement vivante. Quand on regarde ces visages, on sent une histoire. La nôtre, celle des autres, celle de tout le monde. Ces diptyques murmurent nos joies, nos doutes, et toute la beauté qui surgit quand ces bouts d’âme s’entremêlent.




PhotodelaSemaine

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PhotodelaSemaine


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Instants Partagés : Passion Partagée

Depuis mes premières expositions, vous êtes là, à suivre mon parcours de photographe avec une chaleur qui me va droit au cœur. Vos mots, vos regards posés sur mes photos, vos encouragements enthousiastes, tout ça me porte et me donne envie de plonger plus loin dans mes histoires visuelles. Merci, du fond de l’âme, pour cette présence. Pour garder ce lien avec vous, malgré les distances, j’ai lancé en 2006 la « Photo de la Semaine ». C’est ma manière de vous inviter dans mon monde, en partageant une image, une pensée, un bout d’émotion qui m’a traversé. Ça me bouleverse de voir que vous êtes des milliers, disséminés aux quatre coins du globe, à marcher avec moi dans cette aventure. Que vous soyez du genre discret ou à laisser un mot, vous donnez un sens profond à mon travail. Mes photos, c’est ma manière de parler de nous, de ce qu’on vit, de ce qui nous rend humains. J’essaie de capturer ce qu’il y a de beau dans nos failles, de questionner, d’émouvoir, de célébrer.
Avec toute ma gratitude




Éloge du flou

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Éloge du flou


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Figure vague

Elle est une ode joyeuse à l’imperfection, un chant dédié à ces moments où la réalité s’efface doucement pour laisser l’imaginaire prendre vie. La netteté fige tout, comme une vérité trop sûre d’elle, taillée dans la roche. Le flou, lui, danse. Il attrape ce qui vibre, ce qui échappe, ce qui fait qu’on se sent vivant. Il danse avec la lumière, effleure les formes, brouille les couleurs, et de ce chaos naissent des images qui résonnent au plus profond de moi. Elles réveillent des émotions intenses, parfois insondables, et font surgir des souvenirs — flous, eux aussi —, fragments d’instants qui échappent à la définition précise, mais qui vibrent d’une vérité subjective. C’est une invitation à poser un regard neuf sur le monde, à s’éloigner des certitudes pour embrasser une vision avec laquelle l’imprécision devient une métaphore de notre propre existence. Nos perceptions, nos mémoires ne sont-elles pas elles-mêmes des esquisses mouvantes, des silhouettes estompées par le temps et les sentiments ? Dans cet univers de contours incertains, je trouve une liberté rare. Le flou me permet de jouer, de façonner des atmosphères plutôt que des objets, de suggérer plutôt que de montrer. Il défie délibérément les conventions de la photographie traditionnelle, avec ses règles strictes de mise au point et de clarté absolue, pour ouvrir un espace avec lequel l’expression s’affranchit des contraintes. Plus qu’une technique, il devient un manifeste : une manière de repousser les limites, d’explorer des territoires dans lesquels la perfection n’a pas sa place. Car c’est bien là sa force : le flou embrasse l’imperfection avec une tendresse infinie. Il célèbre la beauté de l’inattendu, ces accidents heureux où une tache de lumière devient une étoile, où une forme indistincte se mue en rêve éveillé. À travers lui, je rends hommage à la créativité brute, à cette pulsion qui ne cherche pas à tout maîtriser, mais à se laisser porter par l’instant. Il me rappelle, avec une douce insistance, que la beauté ne se niche pas toujours dans la précision glacée d’une image irréprochable. Elle se cache souvent ailleurs, dans les nuances subtiles, dans les transitions délicates entre ombre et clarté, dans les silences que l’imprécision fait résonner. Figures vagues, c’est finalement un écho à ce que nous sommes : des êtres imparfaits, magnifiques dans nos contours incertains, porteurs d’histoires qui n’ont pas besoin d’être nettes pour être vraies.




Visible Perforations

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Visible Perforations


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L’Âme de l’Argentique — L’Artisanat de l’Instant

Les perforations qui courent sur les bords de ces vieilles pellicules 35 mm argentiques, c’est comme une signature du temps. Elles ne sont pas juste des marques techniques ; elles portent une âme, une histoire. J’ai l’impression de toucher un bout d’histoire. Ces perforations sur les bords, elles me ramènent à un temps où chaque image était un pari. On glissait la pellicule dans l’appareil, un peu à l’instinct, avec ce mélange d’espoir et de doute. Et puis, ce clic, ce bruit net dans le silence, comme un battement de cœur. Ces trous, ils sont là, comme des traces d’un artisanat oublié, encadrant l’image avec une tendresse maladroite. Elles apportent une chaleur, une âme que les images d’aujourd’hui, si parfaites, si lisses, ne savent plus offrir. C’est comme si la pellicule avait gardé en mémoire les mains qui l’ont manipulée, les moments où elle a capturé la lumière. Parfois, un éclat maladroit s’échappe, un reflet qui n’aurait pas dû être là, et ça rend tout plus vrai, plus beau. Ces perforations, c’est un bout de vérité brute, une invitation à aimer ce qui n’est pas poli, ce qui tremble, ce qui respire. C’est un peu comme si le film, en se déroulant, avait gardé des traces de son voyage. De temps en temps, la lumière s’y faufile, par accident, et dessine des halos inattendus, des éclats qui donnent du caractère. Ces imperfections, loin de gâcher, enrichissent. Elles rappellent que la beauté se niche souvent dans ce qui n’était pas prévu, dans ces moments où le contrôle lâche prise. Les perforations, c’est aussi un cadre qui ne triche pas. Elles guident l’œil, doucement, vers le cœur de la photo – un visage, un paysage, un instant suspendu. Elles ne volent pas la vedette, mais elles murmurent : « Cette image, elle vient de loin, elle a été touchée, travaillée, aimée. » Elles dévoilent un peu du processus, comme si l’appareil photo nous confiait un secret. Et dans ce secret, il y a une vérité brute, celle d’un art qui ne cherche pas à se cacher derrière une perfection froide, mais qui s’offre tel qu’il est, avec ses aspérités et sa poésie.




Images9

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Images9


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Éphémère Éternel — Traces du Temps

Image9 est une série photographique qui se compose de neuf images distinctes, réunies et présentées sous la forme d’une planche contact, un format qui évoque à la fois l’intimité du processus créatif et une certaine unité narrative. Cette œuvre saisit des instants de vie capturés à un emplacement précis, choisi avec soin, mais à des moments différents, introduisant ainsi une dimension temporelle qui transcende la fixité du lieu. Le plan arrière, qui constitue le décor principal, demeure le plus souvent inchangé, offrant une toile de fond stable et familière. En contraste, les sujets qui peuplent ces scènes – qu’il s’agisse de passants, d’objets ou d’événements fugaces – varient d’une image à l’autre, insufflant une énergie et une diversité qui animent cette permanence spatiale. Cette dualité entre constance et variation crée une narration dynamique, où l’immuabilité du cadre spatial se voit enrichie par la multiplicité des activités humaines qui s’y déroulent. Le cadre, rigoureusement défini, agit comme une frontière invisible, un espace délimité dans lequel se déploie l’histoire visuelle. Il contraint le regard, tout en le libérant paradoxalement pour mieux observer les détails et les nuances de ces moments capturés. Chaque photographie devient ainsi une vignette, un fragment d’un récit plus vaste, où la diversité des gestes, des émotions et des interactions humaines se superposent à la rigidité de l’environnement. Image9 illustre un lieu, en apparence statique, peut se transformer en un théâtre vivant, témoin silencieux d’une multitude d’histoires et de temporalités. Chaque cliché ajoute une nouvelle strate à cette chronique visuelle, enrichissant la perception de l’endroit et révélant la richesse insoupçonnée de ses métamorphoses quotidiennes. Cette série se présente finalement comme une exploration poétique et visuelle de la vie ordinaire. Elle invite le spectateur à reconsidérer la banalité apparente d’un espace familier pour y découvrir un kaléidoscope de scènes, où le temps et les individus réinventent sans cesse le même décor. À travers ce jeu subtil entre permanence et éphémère, Image9 interroge notre rapport au lieu et à la mémoire, montrant comment un simple coin de rue ou un paysage figé peut devenir le réceptacle d’une infinité de récits, tous uniques, tous liés par le fil invisible du temps qui passe.




Bâtiments S.A.C.M.

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Bâtiments S.A.C.M.


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L’Usine des Songes — La Mémoire des Murs

Quand je marche le long de ces murs des vieux bâtiments de la S.A.C.M., bâtis entre le 19ᵉ siècle et le début du 20ᵉ, c’est comme si je touchais le passé du bout des doigts. Ces briques rouges, ce béton brut, ces allées tortueuses, ils ont l’air de retenir leur souffle, comme s’ils gardaient en eux les échos d’un autre temps. Je m’arrête, et je peux presque voir les ombres de ceux qui étaient là avant : des ouvriers aux mains épaisses, usées par le travail, des ingénieurs penchés sur leurs plans, le front plissé, et des contremaîtres lançant des ordres dans la hâte du matin. Leurs pas, leurs voix, leurs gestes semblent encore flotter dans l’air, lourds d’une histoire qu’on sent sans la voir. Certains bâtiments ont des noms qui claquent comme des souvenirs d’un âge d’acier et de feu. La Cathédrale, la fonderie petites pièces avec ses arches immenses, ressemble à un sanctuaire dédié à l’industrie. Le bâtiment de la cloche, lui, garde dans ses pierres l’écho d’un tintement qui rythmait les journées. Et puis la Fonderie, où l’on imagine encore le rougeoiement du métal en fusion, une danse brûlante entre l’homme et la matière. En 1995, quand j’ai sorti mon appareil pour capturer ces lieux, j’ai trouvé des inscriptions en calligraphie gothique, traces d’une Alsace sous l’Empire allemand. Ces mots, certains lisibles comme si on venait tout juste de les inscrire, m’ont donné l’impression que les murs eux-mêmes voulaient me raconter quelque chose. Aujourd’hui, tout est calme, presque trop. Pourtant, ces bâtiments ne sont pas vides. Ils murmurent. Les machines, éteintes depuis longtemps, semblent encore vibrer dans l’ombre. Les pas des travailleurs résonnent quelque part, dans un coin oublié. Et moi, en déambulant, je ressens une étrange magie, comme si j’avais glissé dans un vieux film muet. Les ombres s’étirent, les angles des murs paraissent taillés pour un décor expressionniste, à la fois grandiose et mélancolique. Ces lieux, si solides, si imposants, portent une fragilité : celle du temps qui passe, des vies qui s’effacent, mais aussi d’une beauté qui refuse de s’éteindre. Ils sont là, debout, et ils me parlent – de travail, de sueur, d’espoir, et de tout ce qui fait qu’un endroit, même abandonné, reste vivant. Au détour d’une coursive usée par le temps ou dans l’encadrement d’une fenêtre brisée, je peux quasiment entrapercevoir Robert Wiene, le visionnaire torturé, orchestrant les angles tordus et les jeux de lumière oppressants de Docteur Caligari, ses personnages évoluant comme des spectres dans un cauchemar géométrique. À ses côtés, Fritz Lang, maître allemand de l’image en noir et blanc, apparaît avec son imposante caméra, qu’il dirige avec une précision obsessionnelle, capturant chaque détail dans une symphonie visuelle où l’ombre et la lumière se disputent la vedette. Dans mon esprit, ces lieux se transforment en plateaux grandeur nature pour ses chefs-d’œuvre mythiques. Ici, les lignes géométriques et les perspectives écrasantes rappellent la ville futuriste de Métropolis, où des foules anonymes se meuvent sous le joug d’une mécanique implacable. Là, l’atmosphère lourde et mystérieuse semble tout droit sortie de Docteur Mabuse, avec ses intrigues ténébreuses tapies dans l’ombre. Plus loin encore, une ruelle étroite bordée de murs noircis par le temps pourrait accueillir les errances tragiques de M le Maudit, où chaque craquement, chaque jeu de lumière devient une menace diffuse. L’ambiance qui se dégage de ces bâtiments industriels désaffectés est étrangement similaire à celle des films de Lang et Wiene : un mélange de grandeur austère, de mélancolie pesante et d’une tension sourde, comme si chaque pierre portait en elle une histoire prête à être racontée, ou un secret à jamais enfoui.




Entre Terre & Mer

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Entre Terre & Mer


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Lisière d’Éternité — Récits du Littoral

Une odyssée photographique inspirée par le littoral, cette série photographique explore avec richesse et profondeur les interactions visuelles et symboliques entre la terre et la mer, deux éléments fondamentaux de notre environnement. Ces forces primordiales se rencontrent, s’entrelacent et parfois s’opposent sur une frontière dynamique, une zone de transition où la terre ferme et l’océan dialoguent sans cesse. J'essaie de capturer cette tension et cette harmonie à travers une mosaïque de scènes : plages de sable doré caressées par le soleil, rochers sculptés par les vagues furieuses, structures humaines telles que digues, blockhaus ou bâtiments en bord de mer, et vastes étendues maritimes infinies sous des ciels changeants. Ces photographies tentent de révélé la beauté brute, de temps en temps chaotique, de cette frontière naturelle, où la mer façonne la terre par l’érosion, les marées et les tempêtes, tandis que la terre offre une ancre solide face à l’immensité aquatique. C’est un lieu où la lutte entre la puissance de la nature et les interventions humaines se fait particulièrement visible. Les bunkers, ces structures bétonnées couvertes de graffitis sur les plages, évoquent l’histoire et le passage du temps, ajoutant une touche humaine, presque poétique, qui suggère une appropriation culturelle de cet espace. Bâtiments de bord de mer partiellement envahis par le sable soulèvent des questions troublantes sur l’impact de la nature et du changement climatique, interrogeant notre vulnérabilité face à ces forces incontrôlables. Pourtant, ce littoral est aussi un espace de vie : dès qu’ils en ont l’occasion, les humains viennent s’y détendre sur les plages de sable, y apportant une dimension de légèreté, de joie et de connexion humaine à cet environnement naturel, comme en témoignent les silhouettes joueuses sur le rivage. Cette s’évertue d’exploré plusieurs thèmes universels qui résonnent avec la dualité et l’équilibre du littoral. La terre et la mer incarnent des opposés complémentaires : la stabilité face au mouvement, le solide confronté au fluide. Face à ces rivages, je sens le temps me filer entre les doigts, si tangible et pourtant si éphémère. Les vagues, obstinées, viennent sculpter la côte, lissant le sable, mordant la pierre avec une patience qui semble ignorer les années. Les vieilles digues, les blockhaus, tous ces vestiges humains plantés là comme des gardiens fatigués, s’effritent sous les assauts du vent et de l’eau. Certains tiennent bon, s’accrochant dans une résistance muette. Ces images que j’ai saisies, elles portent une beauté qui serre la gorge. Les ciels, lourds de nuages, paraissent sur le point de s’effondrer. Les vagues frappent, sauvages, et les plages s’étendent, vastes et vides, comme des silences qui pèsent. C’est grandiose, mais d’une solitude qui touche l’âme. Je reste là, immobile, happé par cette immensité qui n’a pas besoin de mots, par cette solitude qui parle de nous, de nos fragilités. Ces photos, plus qu’un simple tirage, posent une question qui me hante : que deviendront ces côtes, prises entre notre inconscience et la force brute de la nature ?




Entre Terre & Mer - Safety

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Entre Terre & Mer - Safety


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Lisière d’Éternité : Récits du Littoral

Une odyssée photographique inspirée par le littoral, cette série photographique explore avec richesse et profondeur les interactions visuelles et symboliques entre la terre et la mer, deux éléments fondamentaux de notre environnement. Ces forces primordiales se rencontrent, s’entrelacent et parfois s’opposent sur une frontière dynamique, une zone de transition où la terre ferme et l’océan dialoguent sans cesse. J'essaie de capturer cette tension et cette harmonie à travers une mosaïque de scènes : plages de sable doré caressées par le soleil, rochers sculptés par les vagues furieuses, structures humaines telles que digues, blockhaus ou bâtiments en bord de mer, et vastes étendues maritimes infinies sous des ciels changeants. Ces photographies tentent de révélé la beauté brute, de temps en temps chaotique, de cette frontière naturelle, où la mer façonne la terre par l’érosion, les marées et les tempêtes, tandis que la terre offre une ancre solide face à l’immensité aquatique. C’est un lieu où la lutte entre la puissance de la nature et les interventions humaines se fait particulièrement visible. Les bunkers, ces structures bétonnées couvertes de graffitis sur les plages, évoquent l’histoire et le passage du temps, ajoutant une touche humaine, presque poétique, qui suggère une appropriation culturelle de cet espace. Bâtiments de bord de mer partiellement envahis par le sable soulèvent des questions troublantes sur l’impact de la nature et du changement climatique, interrogeant notre vulnérabilité face à ces forces incontrôlables. Pourtant, ce littoral est aussi un espace de vie : dès qu’ils en ont l’occasion, les humains viennent s’y détendre sur les plages de sable, y apportant une dimension de légèreté, de joie et de connexion humaine à cet environnement naturel, comme en témoignent les silhouettes joueuses sur le rivage. Cette s’évertue d’exploré plusieurs thèmes universels qui résonnent avec la dualité et l’équilibre du littoral. La terre et la mer incarnent des opposés complémentaires : la stabilité face au mouvement, le solide confronté au fluide. Face à ces rivages, je sens le temps me filer entre les doigts, si tangible et pourtant si éphémère. Les vagues, obstinées, viennent sculpter la côte, lissant le sable, mordant la pierre avec une patience qui semble ignorer les années. Les vieilles digues, les blockhaus, tous ces vestiges humains plantés là comme des gardiens fatigués, s’effritent sous les assauts du vent et de l’eau. Certains tiennent bon, s’accrochant dans une résistance muette. Ces images que j’ai saisies, elles portent une beauté qui serre la gorge. Les ciels, lourds de nuages, paraissent sur le point de s’effondrer. Les vagues frappent, sauvages, et les plages s’étendent, vastes et vides, comme des silences qui pèsent. C’est grandiose, mais d’une solitude qui touche l’âme. Je reste là, immobile, happé par cette immensité qui n’a pas besoin de mots, par cette solitude qui parle de nous, de nos fragilités. Ces photos, plus qu’un simple tirage, posent une question qui me hante : que deviendront ces côtes, prises entre notre inconscience et la force brute de la nature ?


La Série Safety : Une Histoire de Polaroïd


D’où vient le nom "Safety" ?"Safety" tire son âme des vieux Polaroids numérotés qui ont marqué mes débuts. Ces images, je les revois comme si c’était hier, pleines des souvenirs d’une époque qui m’a façonné. Dans les années 80, je passais mes journées dans une usine de moteurs diesel, au cœur d’un labo de recherche et développement. L’air vibrait du bourdonnement des bancs d’essai, entre les odeurs d’huile et les calculs minutieux. Là, au milieu des machines, tout semblait tourner autour de la mécanique, précise, implacable, mais étrangement vivante. Juste à côté, un laboratoire métallurgique voisin opérait comme une sorte de détective des matériaux : il analysait des pièces défectueuses, traquant les failles invisibles à l’œil nu. Chaque expertise était une enquête minutieuse, où rien n’était laissé au hasard. C’est là qu’intervenaient les Polaroïds, manipulés avec soin par Michel, un collègue et ami de travail dont le rôle était aussi crucial que discret. Armé de son appareil, il immortalisait chaque défaut — une fissure dans un alliage, une usure anormale, un point de rupture — sur ces petits carrés de film instantané. Chaque cliché portait un numéro unique, griffonné à la main, et était contresigné par un expert de la partie adverse, souvent un représentant du fournisseur ou du client. Ce rituel, presque solennel, scellait une sorte de pacte visuel : une garantie d’objectivité et d’honnêteté entre les deux camps. Pas de place pour la triche ou les approximations ; tout était consigné, vérifié, sous contrôle. Ces Polaroïds, jaunis par le temps, devenaient des preuves tangibles, des archives d’une rigueur implacable. Cette série, "Safety", est bien plus qu’une simple collection d’images. C’est un clin d’œil intime à cette première carrière dans l’industrie métallurgique, une époque où la précision et la discipline forgeaient mes journées. Je revois encore l’odeur d’huile et de métal, le bruit sourd des machines, et les discussions avec Michel sur la meilleure façon de cadrer une pièce abîmée pour que tout soit clair au premier regard. "Safety" incarne cette quête de fiabilité, ce besoin de sécurité technique qui définissait notre travail — un hommage à ces moments où chaque détail comptait, où chaque défaut racontait une histoire. Ce projet, c’est ma manière de saluer ce passé, de rendre vie à ces instants qui, sans que je le sache alors, ont façonné l’homme et le créateur que je suis devenu.


L’Art du Hasard : Un Filtre d’Ocre Né d’un Soir


La Petite Chronique d’un Soir GranuleuxL’idée d’intégrer un effet granuleux, teinté d’ocres et de rouges, dans mes images est née d’un heureux hasard, un soir après une longue journée de travail. Nous étions au milieu des années 90, une époque où la photographie argentique régnait encore en maître dans mon univers créatif. Ce soir-là, je m’étais installé dans mon laboratoire improvisé – en réalité, ma salle de séjour transformée pour l’occasion – pour réaliser des tirages que j’avais réalisés lors de mon dernier voyage dans les caraïbes, j’avais amené quelques rouleaux de pellicule diapositive. J’utilisais à l’époque un agrandisseur IFF Ampliator Color S2 13x18, un appareil robuste et précis, et je travaillais pour la première fois avec le procédé Cibachrome, connu pour ses couleurs vibrantes et sa fidélité exceptionnelle. La pièce était plongée dans une obscurité presque totale, les seules lueurs provenaient des reflets fugaces de la lumière rouge de sécurité, à peine perceptibles. J’ai éteint la lampe inactinique — une condition essentielle pour ce type de développement. J'ai disposé une feuille de papier photosensible sous l’agrandisseur, prêt à capturer l’image projetée. Puis, par hasard, ma main a effleuré une plaque de verre posée là, sur ma table de travail, sans que je me rappelle l’y avoir placée – un objet encombrant dont je ne savais que faire — m’a gêné. Sans trop y réfléchir, je l’ai simplement posée sur la feuille de papier, me disant que je verrais les effets sur le tirage. J’ai procédé au tirage dans le noir complet, suivant les étapes habituelles : exposition, développement, rinçage à l’eau, blanchiment, fixage, lavage à l’eau. Quand j’ai fini le procédé, j’ai sorti la plaque de verre, un peu méfiant, mais curieux de découvrir ce que ça donnerait. Je me suis dit : « Bah, on verra. » Quelques minutes plus tard, une fois l’image fixée, j’ai été bluffé. Sur le tirage, des taches orangées et rougeâtres, un peu anarchiques, mais bizarrement belles, dansaient sur la surface. En tenant la plaque contre la lumière, j’ai compris : elle était marquée de partout – des gouttes de café séchées, des traces de doigts, peut-être même des saletés ramassées au fil du temps. Ces petits défauts, en jouant avec la lumière de l’agrandisseur, s’étaient gravés sur le papier. Le résultat était inattendu, presque magique, comme si ces imperfections avaient décidé de raconter leur propre histoire. Loin de considérer cela comme un défaut, j’y ai vu une opportunité. Cet accident m’a inspiré une nouvelle approche créative. J’ai décidé d’explorer et de perfectionner cette technique. J’ai commencé à expérimenter avec différentes plaques de verre, que j’ai intentionnellement marquées de textures variées : gouttes de café diluées, traits de peinture diluée, poussières savamment disposées, ou encore frottements légers pour obtenir des granulations subtiles. Chaque plaque devenait une sorte de filtre artisanal, unique en son genre. J’ai multiplié les essais, ajustant la durée d’exposition et la disposition des plaques pour obtenir des effets plus ou moins prononcés, jouant avec les teintes chaudes – ocres, rouges, parfois des touches de brun – qui donnaient à mes images une patine presque picturale. Avec l’arrivée de la photographie numérique dans les années suivantes, j’ai poussé cette idée encore plus loin. J’ai numérisé mes plaques de verre préférées, capturant leurs motifs et leurs textures avec un scanner haute résolution. Ces fichiers sont devenus des calques que j’intègre désormais comme filtres dans mon logiciel de retouche photo. Appliqués sur mes images numériques, ils recréent cet effet granuleux et coloré qui évoque à la fois la spontanéité de l’accident originel et la richesse esthétique de l’argentique. Ce procédé, né d’un moment d’improvisation dans mon salon-labo, est devenu une signature, une manière de lier mon passé de tireur argentique à mon présent de créateur numérique.




Waldeinsamkeit / Komorebi

Présentation d’une sélection d’images du reportage





Waldeinsamkeit / Komorebi


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Waldeinsamkeit / Paysage

Quand la Forêt Devient Refuge Intérieur

Le mot allemand Waldeinsamkeit (prononcé val-tayn-zam-kayt) capture une sensation unique : celle de se retrouver seul en forêt, enveloppé d’une profonde paix intérieure. Ce n’est pas une solitude pesante, mais un moment choisi, presque spirituel, où l’on se sent en harmonie avec la nature. On y trouve du calme, une touche de contemplation, parfois une pointe de mystère ou de mélancolie douce. Ce terme, ancré dans la tradition romantique allemande, évoque les forêts des poèmes de Goethe ou des contes des frères Grimm : des lieux hors du temps, à la fois refuges et espaces d’introspection. Imaginez le chuchotement des feuilles, l’odeur humide de la mousse, l’ombre des arbres… une parenthèse loin du tumulte humain.




Komorebi

Komorebi (« 木漏れ日 » prononcé ko-mo-ré-bi) est un mot japonais, traduisible en « les rayons du soleil passant à travers les arbres ».






Waldeinsamkeit / Komorebi - Safety

Présentation d’une sélection d’images du reportage





Waldeinsamkeit / Komorebi - Safety


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Waldeinsamkeit / Paysage

Quand la Forêt Devient Refuge Intérieur

Le mot allemand Waldeinsamkeit (prononcé val-tayn-zam-kayt) capture une sensation unique : celle de se retrouver seul en forêt, enveloppé d’une profonde paix intérieure. Ce n’est pas une solitude pesante, mais un moment choisi, presque spirituel, où l’on se sent en harmonie avec la nature. On y trouve du calme, une touche de contemplation, parfois une pointe de mystère ou de mélancolie douce. Ce terme, ancré dans la tradition romantique allemande, évoque les forêts des poèmes de Goethe ou des contes des frères Grimm : des lieux hors du temps, à la fois refuges et espaces d’introspection. Imaginez le chuchotement des feuilles, l’odeur humide de la mousse, l’ombre des arbres… une parenthèse loin du tumulte humain.


Komorebi

Komorebi (« 木漏れ日 » prononcé ko-mo-ré-bi) est un mot japonais, traduisible en « les rayons du soleil passant à travers les arbres ».


La Série Safety : Une Histoire de Polaroïd


D’où vient le nom "Safety" ?"Safety" tire son âme des vieux Polaroids numérotés qui ont marqué mes débuts. Ces images, je les revois comme si c’était hier, pleines des souvenirs d’une époque qui m’a façonné. Dans les années 80, je passais mes journées dans une usine de moteurs diesel, au cœur d’un labo de recherche et développement. L’air vibrait du bourdonnement des bancs d’essai, entre les odeurs d’huile et les calculs minutieux. Là, au milieu des machines, tout semblait tourner autour de la mécanique, précise, implacable, mais étrangement vivante. Juste à côté, un laboratoire métallurgique voisin opérait comme une sorte de détective des matériaux : il analysait des pièces défectueuses, traquant les failles invisibles à l’œil nu. Chaque expertise était une enquête minutieuse, où rien n’était laissé au hasard. C’est là qu’intervenaient les Polaroïds, manipulés avec soin par Michel, un collègue et ami de travail dont le rôle était aussi crucial que discret. Armé de son appareil, il immortalisait chaque défaut — une fissure dans un alliage, une usure anormale, un point de rupture — sur ces petits carrés de film instantané. Chaque cliché portait un numéro unique, griffonné à la main, et était contresigné par un expert de la partie adverse, souvent un représentant du fournisseur ou du client. Ce rituel, presque solennel, scellait une sorte de pacte visuel : une garantie d’objectivité et d’honnêteté entre les deux camps. Pas de place pour la triche ou les approximations ; tout était consigné, vérifié, sous contrôle. Ces Polaroïds, jaunis par le temps, devenaient des preuves tangibles, des archives d’une rigueur implacable. Cette série, "Safety", est bien plus qu’une simple collection d’images. C’est un clin d’œil intime à cette première carrière dans l’industrie métallurgique, une époque où la précision et la discipline forgeaient mes journées. Je revois encore l’odeur d’huile et de métal, le bruit sourd des machines, et les discussions avec Michel sur la meilleure façon de cadrer une pièce abîmée pour que tout soit clair au premier regard. "Safety" incarne cette quête de fiabilité, ce besoin de sécurité technique qui définissait notre travail — un hommage à ces moments où chaque détail comptait, où chaque défaut racontait une histoire. Ce projet, c’est ma manière de saluer ce passé, de rendre vie à ces instants qui, sans que je le sache alors, ont façonné l’homme et le créateur que je suis devenu.


L’Art du Hasard : Un Filtre d’Ocre Né d’un Soir


La Petite Chronique d’un Soir GranuleuxL’idée d’intégrer un effet granuleux, teinté d’ocres et de rouges, dans mes images est née d’un heureux hasard, un soir après une longue journée de travail. Nous étions au milieu des années 90, une époque où la photographie argentique régnait encore en maître dans mon univers créatif. Ce soir-là, je m’étais installé dans mon laboratoire improvisé – en réalité, ma salle de séjour transformée pour l’occasion – pour réaliser des tirages que j’avais réalisés lors de mon dernier voyage dans les caraïbes, j’avais amené quelques rouleaux de pellicule diapositive. J’utilisais à l’époque un agrandisseur IFF Ampliator Color S2 13x18, un appareil robuste et précis, et je travaillais pour la première fois avec le procédé Cibachrome, connu pour ses couleurs vibrantes et sa fidélité exceptionnelle. La pièce était plongée dans une obscurité presque totale, les seules lueurs provenaient des reflets fugaces de la lumière rouge de sécurité, à peine perceptibles. J’ai éteint la lampe inactinique — une condition essentielle pour ce type de développement. J'ai disposé une feuille de papier photosensible sous l’agrandisseur, prêt à capturer l’image projetée. Puis, par hasard, ma main a effleuré une plaque de verre posée là, sur ma table de travail, sans que je me rappelle l’y avoir placée – un objet encombrant dont je ne savais que faire — m’a gêné. Sans trop y réfléchir, je l’ai simplement posée sur la feuille de papier, me disant que je verrais les effets sur le tirage. J’ai procédé au tirage dans le noir complet, suivant les étapes habituelles : exposition, développement, rinçage à l’eau, blanchiment, fixage, lavage à l’eau. Quand j’ai fini le procédé, j’ai sorti la plaque de verre, un peu méfiant, mais curieux de découvrir ce que ça donnerait. Je me suis dit : « Bah, on verra. » Quelques minutes plus tard, une fois l’image fixée, j’ai été bluffé. Sur le tirage, des taches orangées et rougeâtres, un peu anarchiques, mais bizarrement belles, dansaient sur la surface. En tenant la plaque contre la lumière, j’ai compris : elle était marquée de partout – des gouttes de café séchées, des traces de doigts, peut-être même des saletés ramassées au fil du temps. Ces petits défauts, en jouant avec la lumière de l’agrandisseur, s’étaient gravés sur le papier. Le résultat était inattendu, presque magique, comme si ces imperfections avaient décidé de raconter leur propre histoire. Loin de considérer cela comme un défaut, j’y ai vu une opportunité. Cet accident m’a inspiré une nouvelle approche créative. J’ai décidé d’explorer et de perfectionner cette technique. J’ai commencé à expérimenter avec différentes plaques de verre, que j’ai intentionnellement marquées de textures variées : gouttes de café diluées, traits de peinture diluée, poussières savamment disposées, ou encore frottements légers pour obtenir des granulations subtiles. Chaque plaque devenait une sorte de filtre artisanal, unique en son genre. J’ai multiplié les essais, ajustant la durée d’exposition et la disposition des plaques pour obtenir des effets plus ou moins prononcés, jouant avec les teintes chaudes – ocres, rouges, parfois des touches de brun – qui donnaient à mes images une patine presque picturale. Avec l’arrivée de la photographie numérique dans les années suivantes, j’ai poussé cette idée encore plus loin. J’ai numérisé mes plaques de verre préférées, capturant leurs motifs et leurs textures avec un scanner haute résolution. Ces fichiers sont devenus des calques que j’intègre désormais comme filtres dans mon logiciel de retouche photo. Appliqués sur mes images numériques, ils recréent cet effet granuleux et coloré qui évoque à la fois la spontanéité de l’accident originel et la richesse esthétique de l’argentique. Ce procédé, né d’un moment d’improvisation dans mon salon-labo, est devenu une signature, une manière de lier mon passé de tireur argentique à mon présent de créateur numérique.




Lauku-photos

Présentation d’une sélection d’images du reportage





Lauku

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Lauku / Campagne

Lauku : un murmure letton pour l’entre-deux

« Lauku » (prononcé la-ou-kou) glisse sur la langue comme un vent doux, un mot letton qui chante l’espace rural — un refuge fragile, loin des griffes acérées de la ville. Ce n’est pas seulement un lieu, une étendue de terre ouverte : c’est une respiration, un horizon auquel l’homme et la nature s’effleurent, se mêlent, dans une danse lente, ancienne, presque oubliée. Sous un ciel immense, « lauku » déploie ses champs d’herbes frémissantes, ses sillons tracés par des mains patientes, ses sentiers sur lesquels le pas s’alourdit de terre humide. Ici, la lumière s’étire sans fin, caressant les blés dorés, jouant dans les ombres tremblantes des haies sauvages. Ce n’est pas la forêt profonde, avec ses secrets d’arbres serrés, ni la ville aux murs qui emprisonnent le regard — c’est l’entre-deux, un éclat de vie suspendu entre le tumulte et le silence. Dans cet espace, la nature souffle son haleine verte, reprend ce que l’homme a semé, défait les clôtures usées pour y semer des fleurs rebelles. Les saisons y dansent sans hâte : l’été y brûle les épis, l’automne y jette des voiles roux, et l’hiver y pose un manteau blanc que le vent sculpte en vagues muettes. « Lauku » porte les échos d’une charrue lointaine, le cri d’un oiseau qui fend le crépuscule, le parfum de la paille mouillée après la pluie. C’est une terre façonnée, oui, mais jamais domptée. L’homme y laisse ses traces — un toit penché, un chemin qui s’efface — et la nature les reprend, doucement, comme une mère qui borde un enfant endormi. « Lauku » n’est ni la nature intacte, ni l’ordre froid des cités : c’est un chant fragile, une promesse d’équilibre où l’âme s’apaise.





Lauku - Safety

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Lauku - Safety

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Lauku / Campagne

Lauku : Un murmure letton pour l’entre-deux

« Lauku » (prononcé la-ou-kou) glisse sur la langue comme un vent doux, un mot letton qui chante l’espace rural — un refuge fragile, loin des griffes acérées de la ville. Ce n’est pas seulement un lieu, une étendue de terre ouverte : c’est une respiration, un horizon auquel l’homme et la nature s’effleurent, se mêlent, dans une danse lente, ancienne, presque oubliée. Sous un ciel immense, « lauku » déploie ses champs d’herbes frémissantes, ses sillons tracés par des mains patientes, ses sentiers sur lesquels le pas s’alourdit de terre humide. Ici, la lumière s’étire sans fin, caressant les blés dorés, jouant dans les ombres tremblantes des haies sauvages. Ce n’est pas la forêt profonde, avec ses secrets d’arbres serrés, ni la ville aux murs qui emprisonnent le regard — c’est l’entre-deux, un éclat de vie suspendu entre le tumulte et le silence. Dans cet espace, la nature souffle son haleine verte, reprend ce que l’homme a semé, défait les clôtures usées pour y semer des fleurs rebelles. Les saisons y dansent sans hâte : l’été y brûle les épis, l’automne y jette des voiles roux, et l’hiver y pose un manteau blanc que le vent sculpte en vagues muettes. « Lauku » porte les échos d’une charrue lointaine, le cri d’un oiseau qui fend le crépuscule, le parfum de la paille mouillée après la pluie. C’est une terre façonnée, oui, mais jamais domptée. L’homme y laisse ses traces — un toit penché, un chemin qui s’efface — et la nature les reprend, doucement, comme une mère qui borde un enfant endormi. « Lauku » n’est ni la nature intacte, ni l’ordre froid des cités : c’est un chant fragile, une promesse d’équilibre où l’âme s’apaise.


La Série Safety : Une Histoire de Polaroïd


D’où vient le nom "Safety" ?"Safety" tire son âme des vieux Polaroids numérotés qui ont marqué mes débuts. Ces images, je les revois comme si c’était hier, pleines des souvenirs d’une époque qui m’a façonné. Dans les années 80, je passais mes journées dans une usine de moteurs diesel, au cœur d’un labo de recherche et développement. L’air vibrait du bourdonnement des bancs d’essai, entre les odeurs d’huile et les calculs minutieux. Là, au milieu des machines, tout semblait tourner autour de la mécanique, précise, implacable, mais étrangement vivante. Juste à côté, un laboratoire métallurgique voisin opérait comme une sorte de détective des matériaux : il analysait des pièces défectueuses, traquant les failles invisibles à l’œil nu. Chaque expertise était une enquête minutieuse, où rien n’était laissé au hasard. C’est là qu’intervenaient les Polaroïds, manipulés avec soin par Michel, un collègue et ami de travail dont le rôle était aussi crucial que discret. Armé de son appareil, il immortalisait chaque défaut — une fissure dans un alliage, une usure anormale, un point de rupture — sur ces petits carrés de film instantané. Chaque cliché portait un numéro unique, griffonné à la main, et était contresigné par un expert de la partie adverse, souvent un représentant du fournisseur ou du client. Ce rituel, presque solennel, scellait une sorte de pacte visuel : une garantie d’objectivité et d’honnêteté entre les deux camps. Pas de place pour la triche ou les approximations ; tout était consigné, vérifié, sous contrôle. Ces Polaroïds, jaunis par le temps, devenaient des preuves tangibles, des archives d’une rigueur implacable. Cette série, "Safety", est bien plus qu’une simple collection d’images. C’est un clin d’œil intime à cette première carrière dans l’industrie métallurgique, une époque où la précision et la discipline forgeaient mes journées. Je revois encore l’odeur d’huile et de métal, le bruit sourd des machines, et les discussions avec Michel sur la meilleure façon de cadrer une pièce abîmée pour que tout soit clair au premier regard. "Safety" incarne cette quête de fiabilité, ce besoin de sécurité technique qui définissait notre travail — un hommage à ces moments où chaque détail comptait, où chaque défaut racontait une histoire. Ce projet, c’est ma manière de saluer ce passé, de rendre vie à ces instants qui, sans que je le sache alors, ont façonné l’homme et le créateur que je suis devenu.


L’Art du Hasard : Un Filtre d’Ocre Né d’un Soir


La Petite Chronique d’un Soir GranuleuxL’idée d’intégrer un effet granuleux, teinté d’ocres et de rouges, dans mes images est née d’un heureux hasard, un soir après une longue journée de travail. Nous étions au milieu des années 90, une époque où la photographie argentique régnait encore en maître dans mon univers créatif. Ce soir-là, je m’étais installé dans mon laboratoire improvisé – en réalité, ma salle de séjour transformée pour l’occasion – pour réaliser des tirages que j’avais réalisés lors de mon dernier voyage dans les caraïbes, j’avais amené quelques rouleaux de pellicule diapositive. J’utilisais à l’époque un agrandisseur IFF Ampliator Color S2 13x18, un appareil robuste et précis, et je travaillais pour la première fois avec le procédé Cibachrome, connu pour ses couleurs vibrantes et sa fidélité exceptionnelle. La pièce était plongée dans une obscurité presque totale, les seules lueurs provenaient des reflets fugaces de la lumière rouge de sécurité, à peine perceptibles. J’ai éteint la lampe inactinique — une condition essentielle pour ce type de développement. J'ai disposé une feuille de papier photosensible sous l’agrandisseur, prêt à capturer l’image projetée. Puis, par hasard, ma main a effleuré une plaque de verre posée là, sur ma table de travail, sans que je me rappelle l’y avoir placée – un objet encombrant dont je ne savais que faire — m’a gêné. Sans trop y réfléchir, je l’ai simplement posée sur la feuille de papier, me disant que je verrais les effets sur le tirage. J’ai procédé au tirage dans le noir complet, suivant les étapes habituelles : exposition, développement, rinçage à l’eau, blanchiment, fixage, lavage à l’eau. Quand j’ai fini le procédé, j’ai sorti la plaque de verre, un peu méfiant, mais curieux de découvrir ce que ça donnerait. Je me suis dit : « Bah, on verra. » Quelques minutes plus tard, une fois l’image fixée, j’ai été bluffé. Sur le tirage, des taches orangées et rougeâtres, un peu anarchiques, mais bizarrement belles, dansaient sur la surface. En tenant la plaque contre la lumière, j’ai compris : elle était marquée de partout – des gouttes de café séchées, des traces de doigts, peut-être même des saletés ramassées au fil du temps. Ces petits défauts, en jouant avec la lumière de l’agrandisseur, s’étaient gravés sur le papier. Le résultat était inattendu, presque magique, comme si ces imperfections avaient décidé de raconter leur propre histoire. Loin de considérer cela comme un défaut, j’y ai vu une opportunité. Cet accident m’a inspiré une nouvelle approche créative. J’ai décidé d’explorer et de perfectionner cette technique. J’ai commencé à expérimenter avec différentes plaques de verre, que j’ai intentionnellement marquées de textures variées : gouttes de café diluées, traits de peinture diluée, poussières savamment disposées, ou encore frottements légers pour obtenir des granulations subtiles. Chaque plaque devenait une sorte de filtre artisanal, unique en son genre. J’ai multiplié les essais, ajustant la durée d’exposition et la disposition des plaques pour obtenir des effets plus ou moins prononcés, jouant avec les teintes chaudes – ocres, rouges, parfois des touches de brun – qui donnaient à mes images une patine presque picturale. Avec l’arrivée de la photographie numérique dans les années suivantes, j’ai poussé cette idée encore plus loin. J’ai numérisé mes plaques de verre préférées, capturant leurs motifs et leurs textures avec un scanner haute résolution. Ces fichiers sont devenus des calques que j’intègre désormais comme filtres dans mon logiciel de retouche photo. Appliqués sur mes images numériques, ils recréent cet effet granuleux et coloré qui évoque à la fois la spontanéité de l’accident originel et la richesse esthétique de l’argentique. Ce procédé, né d’un moment d’improvisation dans mon salon-labo, est devenu une signature, une manière de lier mon passé de tireur argentique à mon présent de créateur numérique.




Paysages Urbain

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Paysages Urbain


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Échos Urbains — Souffle des Rues

Les villes ne se contentent pas d’exister : elles murmurent, grincent, vibrent sous le poids des pas qui les foulent. Ce ne sont pas seulement des amas de pierre et d’acier, mais des créatures colossales, palpitantes, dont chaque artère — ruelle, boulevard ou passage oublié — charrie des fragments d’histoires. "Paysage Urbain" ne se contente pas de célébrer la ville ; il cherche à saisir son essence, à retranscrire ce qu’elle murmure à qui sait l’entendre. Les cités, pour moi, sont des entités vivantes, des colosses de béton dont les structures grincent sous le poids des années, leurs câbles électriques vibrant d’une énergie frénétique. Chaque image de cette série fige un instant de leur vérité brute. Une ruelle luisante sous une pluie d’automne, où les pavés semblent retenir l’écho des pas d’inconnus. L’ombre d’une tour qui s’étire sur l’asphalte, aussi tranchante qu’une lame, mais adoucie par la lumière rasante du crépuscule. Un néon vacillant, dont le reflet tremble dans une flaque d’eau, comme une étoile piégée dans un miroir liquide. Ces scènes ne cherchent pas à séduire, à offrir la carte postale lisse que les touristes poursuivent. Elles capturent des éclats d’un récit plus vaste, celui d’une ville qui se raconte à demi-mot, entre ses silences et ses vacarmes. Dans ce travail, j’explore les tensions qui façonnent l’âme urbaine. Les lignes droites et implacables des immeubles modernes s’effritent sous l’assaut d’une lumière douce, presque maternelle, qui caresse leurs arêtes. Les graffitis, ces cris de couleur, défient la froideur des façades, comme des poèmes griffonnés sur un mur de prison. Chaque image devient une confrontation : l’homme face à sa propre création, une œuvre qui, peu à peu, échappe à son contrôle pour devenir autonome, indomptable. Les couleurs que je choisis — parfois saturées, parfois délavées — traduisent cette vie qui pulse sous la surface, là où la grisaille semble tout engloutir. Un rouge criard d’une enseigne, un bleu profond d’une vitre brisée, un jaune sale d’un lampadaire : chaque teinte est un battement de cœur. Le cadre de mes photographies est souvent serré, resserré même, comme pour forcer l’œil à s’arrêter. Dans une ville, on passe, on court, on effleure. Mes images exigent une pause, une attention à ce qui est ignoré : la rouille qui ronge un panneau, la fissure qui zèbre un mur, l’ombre d’un passant qui s’étire comme une pensée fugace. Ce choix vient de mon passé, d’une enfance dans l’ombre d’usines grondantes, où le métal et le béton dictaient le rythme du quotidien. Cette fascination pour les villes, pour leur imprévisibilité, n’a jamais cessé. Chaque coin de rue est un carrefour de temps : un immeuble de verre flambant neuf côtoie une façade décrépite, chargée de décennies de pluie et de vent. Chaque texture — rugueuse, lisse, écaillée — raconte une histoire, un souvenir que la ville garde jalousement. "Paysage Urbain" ne cherche pas à embellir, ni à juger. Il s'agit de révéler ce qui se cache dans l'ordinaire : la beauté d'une fissure s'ouvrant comme une plaie, le souffle poétique d'un chaos mêlant ancien et moderne. Cette série invite à ralentir, à observer ce qu'on ignore en passant, à entendre les murmures de la ville pour qui sait écouter. C’est un dialogue avec ces géants de béton, un effort pour saisir leur âme avant qu’elle ne s’échappe, emportée par le tumulte du temps.




Paysages Urbain - Safety

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Paysages Urbain - Safety


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Échos Urbains — Souffle des Rues

Les villes ne se contentent pas d’exister : elles murmurent, grincent, vibrent sous le poids des pas qui les foulent. Ce ne sont pas seulement des amas de pierre et d’acier, mais des créatures colossales, palpitantes, dont chaque artère — ruelle, boulevard ou passage oublié — charrie des fragments d’histoires. "Paysage Urbain" ne se contente pas de célébrer la ville ; il cherche à saisir son essence, à retranscrire ce qu’elle murmure à qui sait l’entendre. Les cités, pour moi, sont des entités vivantes, des colosses de béton dont les structures grincent sous le poids des années, leurs câbles électriques vibrant d’une énergie frénétique. Chaque image de cette série fige un instant de leur vérité brute. Une ruelle luisante sous une pluie d’automne, où les pavés semblent retenir l’écho des pas d’inconnus. L’ombre d’une tour qui s’étire sur l’asphalte, aussi tranchante qu’une lame, mais adoucie par la lumière rasante du crépuscule. Un néon vacillant, dont le reflet tremble dans une flaque d’eau, comme une étoile piégée dans un miroir liquide. Ces scènes ne cherchent pas à séduire, à offrir la carte postale lisse que les touristes poursuivent. Elles capturent des éclats d’un récit plus vaste, celui d’une ville qui se raconte à demi-mot, entre ses silences et ses vacarmes. Dans ce travail, j’explore les tensions qui façonnent l’âme urbaine. Les lignes droites et implacables des immeubles modernes s’effritent sous l’assaut d’une lumière douce, presque maternelle, qui caresse leurs arêtes. Les graffitis, ces cris de couleur, défient la froideur des façades, comme des poèmes griffonnés sur un mur de prison. Chaque image devient une confrontation : l’homme face à sa propre création, une œuvre qui, peu à peu, échappe à son contrôle pour devenir autonome, indomptable. Les couleurs que je choisis — parfois saturées, parfois délavées — traduisent cette vie qui pulse sous la surface, là où la grisaille semble tout engloutir. Un rouge criard d’une enseigne, un bleu profond d’une vitre brisée, un jaune sale d’un lampadaire : chaque teinte est un battement de cœur. Le cadre de mes photographies est souvent serré, resserré même, comme pour forcer l’œil à s’arrêter. Dans une ville, on passe, on court, on effleure. Mes images exigent une pause, une attention à ce qui est ignoré : la rouille qui ronge un panneau, la fissure qui zèbre un mur, l’ombre d’un passant qui s’étire comme une pensée fugace. Ce choix vient de mon passé, d’une enfance dans l’ombre d’usines grondantes, où le métal et le béton dictaient le rythme du quotidien. Cette fascination pour les villes, pour leur imprévisibilité, n’a jamais cessé. Chaque coin de rue est un carrefour de temps : un immeuble de verre flambant neuf côtoie une façade décrépite, chargée de décennies de pluie et de vent. Chaque texture — rugueuse, lisse, écaillée — raconte une histoire, un souvenir que la ville garde jalousement. "Paysage Urbain" ne cherche pas à embellir, ni à juger. Il s'agit de révéler ce qui se cache dans l'ordinaire : la beauté d'une fissure s'ouvrant comme une plaie, le souffle poétique d'un chaos mêlant ancien et moderne. Cette série invite à ralentir, à observer ce qu'on ignore en passant, à entendre les murmures de la ville pour qui sait écouter. C’est un dialogue avec ces géants de béton, un effort pour saisir leur âme avant qu’elle ne s’échappe, emportée par le tumulte du temps.


La Série Safety : Une Histoire de Polaroïd


D’où vient le nom "Safety" ?"Safety" tire son âme des vieux Polaroids numérotés qui ont marqué mes débuts. Ces images, je les revois comme si c’était hier, pleines des souvenirs d’une époque qui m’a façonné. Dans les années 80, je passais mes journées dans une usine de moteurs diesel, au cœur d’un labo de recherche et développement. L’air vibrait du bourdonnement des bancs d’essai, entre les odeurs d’huile et les calculs minutieux. Là, au milieu des machines, tout semblait tourner autour de la mécanique, précise, implacable, mais étrangement vivante. Juste à côté, un laboratoire métallurgique voisin opérait comme une sorte de détective des matériaux : il analysait des pièces défectueuses, traquant les failles invisibles à l’œil nu. Chaque expertise était une enquête minutieuse, où rien n’était laissé au hasard. C’est là qu’intervenaient les Polaroïds, manipulés avec soin par Michel, un collègue et ami de travail dont le rôle était aussi crucial que discret. Armé de son appareil, il immortalisait chaque défaut — une fissure dans un alliage, une usure anormale, un point de rupture — sur ces petits carrés de film instantané. Chaque cliché portait un numéro unique, griffonné à la main, et était contresigné par un expert de la partie adverse, souvent un représentant du fournisseur ou du client. Ce rituel, presque solennel, scellait une sorte de pacte visuel : une garantie d’objectivité et d’honnêteté entre les deux camps. Pas de place pour la triche ou les approximations ; tout était consigné, vérifié, sous contrôle. Ces Polaroïds, jaunis par le temps, devenaient des preuves tangibles, des archives d’une rigueur implacable. Cette série, "Safety", est bien plus qu’une simple collection d’images. C’est un clin d’œil intime à cette première carrière dans l’industrie métallurgique, une époque où la précision et la discipline forgeaient mes journées. Je revois encore l’odeur d’huile et de métal, le bruit sourd des machines, et les discussions avec Michel sur la meilleure façon de cadrer une pièce abîmée pour que tout soit clair au premier regard. "Safety" incarne cette quête de fiabilité, ce besoin de sécurité technique qui définissait notre travail — un hommage à ces moments où chaque détail comptait, où chaque défaut racontait une histoire. Ce projet, c’est ma manière de saluer ce passé, de rendre vie à ces instants qui, sans que je le sache alors, ont façonné l’homme et le créateur que je suis devenu.


L’Art du Hasard : Un Filtre d’Ocre Né d’un Soir


La Petite Chronique d’un Soir GranuleuxL’idée d’intégrer un effet granuleux, teinté d’ocres et de rouges, dans mes images est née d’un heureux hasard, un soir après une longue journée de travail. Nous étions au milieu des années 90, une époque où la photographie argentique régnait encore en maître dans mon univers créatif. Ce soir-là, je m’étais installé dans mon laboratoire improvisé – en réalité, ma salle de séjour transformée pour l’occasion – pour réaliser des tirages que j’avais réalisés lors de mon dernier voyage dans les caraïbes, j’avais amené quelques rouleaux de pellicule diapositive. J’utilisais à l’époque un agrandisseur IFF Ampliator Color S2 13x18, un appareil robuste et précis, et je travaillais pour la première fois avec le procédé Cibachrome, connu pour ses couleurs vibrantes et sa fidélité exceptionnelle. La pièce était plongée dans une obscurité presque totale, les seules lueurs provenaient des reflets fugaces de la lumière rouge de sécurité, à peine perceptibles. J’ai éteint la lampe inactinique — une condition essentielle pour ce type de développement. J'ai disposé une feuille de papier photosensible sous l’agrandisseur, prêt à capturer l’image projetée. Puis, par hasard, ma main a effleuré une plaque de verre posée là, sur ma table de travail, sans que je me rappelle l’y avoir placée – un objet encombrant dont je ne savais que faire — m’a gêné. Sans trop y réfléchir, je l’ai simplement posée sur la feuille de papier, me disant que je verrais les effets sur le tirage. J’ai procédé au tirage dans le noir complet, suivant les étapes habituelles : exposition, développement, rinçage à l’eau, blanchiment, fixage, lavage à l’eau. Quand j’ai fini le procédé, j’ai sorti la plaque de verre, un peu méfiant, mais curieux de découvrir ce que ça donnerait. Je me suis dit : « Bah, on verra. » Quelques minutes plus tard, une fois l’image fixée, j’ai été bluffé. Sur le tirage, des taches orangées et rougeâtres, un peu anarchiques, mais bizarrement belles, dansaient sur la surface. En tenant la plaque contre la lumière, j’ai compris : elle était marquée de partout – des gouttes de café séchées, des traces de doigts, peut-être même des saletés ramassées au fil du temps. Ces petits défauts, en jouant avec la lumière de l’agrandisseur, s’étaient gravés sur le papier. Le résultat était inattendu, presque magique, comme si ces imperfections avaient décidé de raconter leur propre histoire. Loin de considérer cela comme un défaut, j’y ai vu une opportunité. Cet accident m’a inspiré une nouvelle approche créative. J’ai décidé d’explorer et de perfectionner cette technique. J’ai commencé à expérimenter avec différentes plaques de verre, que j’ai intentionnellement marquées de textures variées : gouttes de café diluées, traits de peinture diluée, poussières savamment disposées, ou encore frottements légers pour obtenir des granulations subtiles. Chaque plaque devenait une sorte de filtre artisanal, unique en son genre. J’ai multiplié les essais, ajustant la durée d’exposition et la disposition des plaques pour obtenir des effets plus ou moins prononcés, jouant avec les teintes chaudes – ocres, rouges, parfois des touches de brun – qui donnaient à mes images une patine presque picturale. Avec l’arrivée de la photographie numérique dans les années suivantes, j’ai poussé cette idée encore plus loin. J’ai numérisé mes plaques de verre préférées, capturant leurs motifs et leurs textures avec un scanner haute résolution. Ces fichiers sont devenus des calques que j’intègre désormais comme filtres dans mon logiciel de retouche photo. Appliqués sur mes images numériques, ils recréent cet effet granuleux et coloré qui évoque à la fois la spontanéité de l’accident originel et la richesse esthétique de l’argentique. Ce procédé, né d’un moment d’improvisation dans mon salon-labo, est devenu une signature, une manière de lier mon passé de tireur argentique à mon présent de créateur numérique.




Paysages Industriel

Présentation d’une sélection d’images du reportage





Paysages Industriel


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De Fer et de Suie — Poussière et Promesses

Les paysages industriels, c’est comme un vieux carnet que je rouvre parfois, les pages froissées, pleines de taches d’huile et de souvenirs. Ces lieux ne sont pas juste des usines ou des entrepôts. Ils font partie de moi, de mes années d’adolescent, quand je me cherchais encore, les mains noircies par le cambouis, les yeux écarquillés devant le monde. Je revois mes trajets à vélo entre le lycée technique, une ancienne filature où flottait une odeur de laine rance et de métal froid, et l’usine où des moteurs diesel grondaient, où des métiers à tisser claquaient comme des horloges d’un autre temps. Ces machines, forgées au XIXe siècle, avaient une présence presque sacrée. Elles n’étaient pas juste des outils – elles portaient l’élan d’un siècle qui croyait encore au progrès. J’avais seize ans, et je me plantais souvent au pied des grandes cheminées, leur ombre tombant sur moi comme une caresse rude. Le bruit était partout : le martèlement sourd des presses, le sifflement aigu des soupapes, le raclement des chaînes qui semblaient ne jamais s’arrêter. Ces usines vivaient. Les murs, noircis par des années de suie, respiraient une histoire lourde, palpable. Les poutres d’acier, épaisses comme des troncs d’arbre, défiaient le ciel gris. Et puis, il y avait ces petits riens qui m’accrochaient : une plaque de rouille en forme d’étoile sur une tôle, un éclat de lumière qui tremblait dans une flaque d’eau grasse, un vieux panneau à moitié effacé, où on devinait à peine le mot "danger". C’était beau, d’une beauté brute, sans chichi, comme un poème écrit à la hâte sur un coin de table. Ce qui me remue encore, c’est de penser à ceux qui ont bâti tout ça. Des hommes, des femmes, avec des visages creusés par le travail, des mains abîmées par le froid et le fer. Ils ont empilé les briques, soudé les charpentes, graissé les engrenages avec une patience qui force le respect. Ces usines, ces ponts rouillés qui enjambent les fleuves, ces gares désertes où les rails chantent sous la pluie – ce sont leurs traces, leurs rêves, leurs fatigues. Je les imagine, le matin, soufflant dans leurs mains pour se réchauffer, ou le soir, rentrant chez eux, les épaules lourdes, mais la tête haute. Ces lieux, c’est plus que du béton et du métal. Ce sont des bouts d’humanité, des actes de foi gravés dans la pierre. Aujourd’hui, quand je me balade dans ces coins industriels, je m’arrête souvent, sans raison précise. Je regarde une fissure qui zèbre un mur, une tache de peinture qui s’écaille comme une vieille peau, l’ombre d’un passant qui glisse sur l’asphalte. Ça me prend aux tripes. Ces endroits me parlent, d’une voix rauque, usée, mais pleine de vérité. Ils me racontent un temps où l’on construisait des choses pour qu’elles tiennent, où chaque rivet était une promesse. Ces paysages industriels, c'est des histoires qu’on lit dans la rouille et la suie, des murmures d’un monde qui refuse de se taire. Ils me ramènent à mes racines, à ce gamin de seize ans qui découvrait la vie dans l’ombre des machines. Et quelque part, ils m’apprennent encore à écouter.




Paysages Industriel - Safety

Présentation d’une sélection d’images du reportage





Paysages Urbain - Safety


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De Fer et de Suie — Poussière et Promesses

Les paysages industriels, c’est comme un vieux carnet que je rouvre parfois, les pages froissées, pleines de taches d’huile et de souvenirs. Ces lieux ne sont pas juste des usines ou des entrepôts. Ils font partie de moi, de mes années d’adolescent, quand je me cherchais encore, les mains noircies par le cambouis, les yeux écarquillés devant le monde. Je revois mes trajets à vélo entre le lycée technique, une ancienne filature où flottait une odeur de laine rance et de métal froid, et l’usine où des moteurs diesel grondaient, où des métiers à tisser claquaient comme des horloges d’un autre temps. Ces machines, forgées au XIXe siècle, avaient une présence presque sacrée. Elles n’étaient pas juste des outils – elles portaient l’élan d’un siècle qui croyait encore au progrès. J’avais seize ans, et je me plantais souvent au pied des grandes cheminées, leur ombre tombant sur moi comme une caresse rude. Le bruit était partout : le martèlement sourd des presses, le sifflement aigu des soupapes, le raclement des chaînes qui semblaient ne jamais s’arrêter. Ces usines vivaient. Les murs, noircis par des années de suie, respiraient une histoire lourde, palpable. Les poutres d’acier, épaisses comme des troncs d’arbre, défiaient le ciel gris. Et puis, il y avait ces petits riens qui m’accrochaient : une plaque de rouille en forme d’étoile sur une tôle, un éclat de lumière qui tremblait dans une flaque d’eau grasse, un vieux panneau à moitié effacé, où on devinait à peine le mot "danger". C’était beau, d’une beauté brute, sans chichi, comme un poème écrit à la hâte sur un coin de table. Ce qui me remue encore, c’est de penser à ceux qui ont bâti tout ça. Des hommes, des femmes, avec des visages creusés par le travail, des mains abîmées par le froid et le fer. Ils ont empilé les briques, soudé les charpentes, graissé les engrenages avec une patience qui force le respect. Ces usines, ces ponts rouillés qui enjambent les fleuves, ces gares désertes où les rails chantent sous la pluie – ce sont leurs traces, leurs rêves, leurs fatigues. Je les imagine, le matin, soufflant dans leurs mains pour se réchauffer, ou le soir, rentrant chez eux, les épaules lourdes, mais la tête haute. Ces lieux, c’est plus que du béton et du métal. Ce sont des bouts d’humanité, des actes de foi gravés dans la pierre. Aujourd’hui, quand je me balade dans ces coins industriels, je m’arrête souvent, sans raison précise. Je regarde une fissure qui zèbre un mur, une tache de peinture qui s’écaille comme une vieille peau, l’ombre d’un passant qui glisse sur l’asphalte. Ça me prend aux tripes. Ces endroits me parlent, d’une voix rauque, usée, mais pleine de vérité. Ils me racontent un temps où l’on construisait des choses pour qu’elles tiennent, où chaque rivet était une promesse. Ces paysages industriels, c'est des histoires qu’on lit dans la rouille et la suie, des murmures d’un monde qui refuse de se taire. Ils me ramènent à mes racines, à ce gamin de seize ans qui découvrait la vie dans l’ombre des machines. Et quelque part, ils m’apprennent encore à écouter.


La Série Safety : Une Histoire de Polaroïd


D’où vient le nom "Safety" ?L’idée d’intégrer un effet granuleux, teinté d’ocres et de rouges, dans mes images est née d’un heureux hasard, un soir après une longue journée de travail. Nous étions au milieu des années 90, une époque où la photographie argentique régnait encore en maître dans mon univers créatif. Ce soir-là, je m’étais installé dans mon laboratoire improvisé – en réalité, ma salle de séjour transformée pour l’occasion – pour réaliser des tirages que j’avais réalisés lors de mon dernier voyage dans les caraïbes, j’avais amené quelques rouleaux de pellicule diapositive. J’utilisais à l’époque un agrandisseur IFF Ampliator Color S2 13x18, un appareil robuste et précis, et je travaillais pour la première fois avec le procédé Cibachrome, connu pour ses couleurs vibrantes et sa fidélité exceptionnelle. La pièce était plongée dans une obscurité presque totale, les seules lueurs provenaient des reflets fugaces de la lumière rouge de sécurité, à peine perceptibles. J’ai éteint la lampe inactinique — une condition essentielle pour ce type de développement. J'ai disposé une feuille de papier photosensible sous l’agrandisseur, prêt à capturer l’image projetée. Puis, par hasard, ma main a effleuré une plaque de verre posée là, sur ma table de travail, sans que je me rappelle l’y avoir placée – un objet encombrant dont je ne savais que faire — m’a gêné. Sans trop y réfléchir, je l’ai simplement posée sur la feuille de papier, me disant que je verrais les effets sur le tirage. J’ai procédé au tirage dans le noir complet, suivant les étapes habituelles : exposition, développement, rinçage à l’eau, blanchiment, fixage, lavage à l’eau. Quand j’ai fini le procédé, j’ai sorti la plaque de verre, un peu méfiant, mais curieux de découvrir ce que ça donnerait. Je me suis dit : « Bah, on verra. » Quelques minutes plus tard, une fois l’image fixée, j’ai été bluffé. Sur le tirage, des taches orangées et rougeâtres, un peu anarchiques, mais bizarrement belles, dansaient sur la surface. En tenant la plaque contre la lumière, j’ai compris : elle était marquée de partout – des gouttes de café séchées, des traces de doigts, peut-être même des saletés ramassées au fil du temps. Ces petits défauts, en jouant avec la lumière de l’agrandisseur, s’étaient gravés sur le papier. Le résultat était inattendu, presque magique, comme si ces imperfections avaient décidé de raconter leur propre histoire. Loin de considérer cela comme un défaut, j’y ai vu une opportunité. Cet accident m’a inspiré une nouvelle approche créative. J’ai décidé d’explorer et de perfectionner cette technique. J’ai commencé à expérimenter avec différentes plaques de verre, que j’ai intentionnellement marquées de textures variées : gouttes de café diluées, traits de peinture diluée, poussières savamment disposées, ou encore frottements légers pour obtenir des granulations subtiles. Chaque plaque devenait une sorte de filtre artisanal, unique en son genre. J’ai multiplié les essais, ajustant la durée d’exposition et la disposition des plaques pour obtenir des effets plus ou moins prononcés, jouant avec les teintes chaudes – ocres, rouges, parfois des touches de brun – qui donnaient à mes images une patine presque picturale. Avec l’arrivée de la photographie numérique dans les années suivantes, j’ai poussé cette idée encore plus loin. J’ai numérisé mes plaques de verre préférées, capturant leurs motifs et leurs textures avec un scanner haute résolution. Ces fichiers sont devenus des calques que j’intègre désormais comme filtres dans mon logiciel de retouche photo. Appliqués sur mes images numériques, ils recréent cet effet granuleux et coloré qui évoque à la fois la spontanéité de l’accident originel et la richesse esthétique de l’argentique. Ce procédé, né d’un moment d’improvisation dans mon salon-labo, est devenu une signature, une manière de lier mon passé de tireur argentique à mon présent de créateur numérique.


L’Art du Hasard : Un Filtre d’Ocre Né d’un Soir


La Petite Chronique d’un Soir GranuleuxL’idée d’intégrer un effet granuleux, teinté d’ocres et de rouges, dans mes images est née d’un heureux hasard, un soir après une longue journée de travail. Nous étions au milieu des années 90, une époque où la photographie argentique régnait encore en maître dans mon univers créatif. Ce soir-là, je m’étais installé dans mon laboratoire improvisé – en réalité, ma salle de séjour transformée pour l’occasion – pour réaliser des tirages que j’avais réalisé lors de mon dernier voyage dans les caraïbes, j’avais amené quelques rouleaux de pellicule diapositives. J’utilisais a l’époque un agrandisseur IFF Ampliator Color S2 13x18, un appareil robuste et précis, et je travaillais pour la première fois avec le procédé Cibachrome, connu pour ses couleurs vibrantes et sa fidélité exceptionnelle. La pièce était plongée dans une obscurité presque totale, les seules lueurs provenaient des reflets fugaces de la lumière rouge de sécurité, à peine perceptibles. J’ai éteint la lampe inactinique — une condition essentielle pour ce type de développement. j’ai disposé une feuille de papier photosensible sous l’agrandisseur, prêt à capturer l’image projetée. Puis, par hasard, ma main a effleuré une plaque de verre posée là, sur ma table de travail, sans que je me rappelle l’y avoir placée – un objet encombrant dont je ne savais que faire — m’a gêné. Sans trop y réfléchir, je l’ai simplement posée sur la feuille de papier, me disant que je verrais les effets sur le tirage. J’ai procédé au tirage dans le noir complet, suivant les étapes habituelles : exposition, développement, rinçage à l’eau, blanchiment, fixage, lavage à l’eau. Une fois le processus terminé, j’ai retiré la plaque de verre, un peu sceptique mais curieux de voir ce que cela donnerait. Je me suis dit : « On verra bien. » Quelques minutes plus tard, lorsque l’image bien fixé a émergé, j’ai été surpris par le résultat. Sur le tirage, des taches de couleur orangées et rougeâtres, irrégulières mais étrangement harmonieuses, parsemaient la surface. En examinant la plaque de verre à la lumière, j’ai compris : elle était couverte de résidus – des éclaboussures de café séché, des traces de doigts, peut-être même quelques salissures indéfinissables accumulées au fil du temps. Ces imperfections, en interagissant avec la lumière de l’agrandisseur, avaient laissé leur empreinte sur le papier, créant un effet visuel inattendu mais fascinant. Loin de considérer cela comme un défaut, j’y ai vu une opportunité. Cet accident m’a inspiré une nouvelle approche créative. J’ai décidé d’explorer et de perfectionner cette technique. J’ai commencé à expérimenter avec différentes plaques de verre, que j’ai intentionnellement marquées de textures variées : gouttes de café diluées, traits de peinture diluée, poussières savamment disposées, ou encore frottements légers pour obtenir des granulations subtiles. Chaque plaque devenait une sorte de filtre artisanal, unique en son genre. J’ai multiplié les essais, ajustant la durée d’exposition et la disposition des plaques pour obtenir des effets plus ou moins prononcés, jouant avec les teintes chaudes – ocres, rouges, parfois des touches de brun – qui donnaient à mes images une patine presque picturale. Avec l’arrivée de la photographie numérique dans les années suivantes, j’ai poussé cette idée encore plus loin. J’ai numérisé mes plaques de verre préférées, capturant leurs motifs et leurs textures avec un scanner haute résolution. Ces fichiers sont devenus des calques que j’intègre désormais comme filtres dans mon logiciel de retouche photo. Appliqués sur mes images numériques, ils recréent cet effet granuleux et coloré qui évoque à la fois la spontanéité de l’accident originel et la richesse esthétique de l’argentique. Ce procédé, né d’un moment d’improvisation dans mon salon-labo, est devenu une signature, une manière de lier mon passé de tireur argentique à mon présent de créateur numérique.




Éternnelles

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Éternelles

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Fleurs Éternelles

Argentique / Numérique — Botanique & Objectif

Quand je prends un vieil appareil argentique – un 24x36 usé, un Hasselblad 6x6 ou une chambre 8x10 lourde comme un secret – et que je me mets à photographier une plante, c’est comme si le temps s’arrêtait. Cette série, c’est ma manière de parler aux feuilles, aux tiges, aux pétales qui se dressent dans l’ombre d’un jardin ou au bord d’un chemin oublié. Ce ne sont pas juste des photos. C’est une rencontre. Chaque plante, avec ses courbes fragiles ou ses épines têtues, me raconte une histoire, et ces vieux boîtiers, avec leurs clics lents et leurs verres impeccables, savent l’écouter. Je me souviens de mes premières prises de vue, les doigts maladroits sur une chambre 4x5, attendant que la lumière du matin effleure juste ce qu’il faut une feuille de fougère. La netteté qu’on obtient avec ces appareils, c’est autre chose – comme si le monde s’ouvrait en grand, révélant des détails qu’on ne voit jamais à l’œil nu : la texture soyeuse d’un pétale, les nervures d’une feuille comme des routes sur une carte ancienne, une goutte d’eau qui brille comme une étoile prisonnière. Ces machines d’un autre temps demandent de la patience. Il faut attendre le bon moment, plisser les yeux sous le drap noir, ajuster, respirer. Parfois, l’exposition dure plusieurs secondes, et dans ce silence, on entend presque la plante respirer elle aussi. Cette série, c’est ma façon de dire que la beauté est partout, même sur une herbe qui pousse entre deux pavés. Les moyens formats, les chambres 5x7 ou 8x10, ils capturent ça avec une vérité brute, une élégance que les appareils modernes, si rapides, si parfaits, ne touchent pas toujours. Ces vieux outils m’ont appris à regarder lentement, à voir ce que le monde pressé ignore : une nervure qui se tord comme une signature, une tache de sève qui luit sous un rayon de soleil, un bourgeon qui s’ouvre comme s’il savait qu’on le regarde. Photographier comme ça, c’est quasiment un rituel, un dialogue avec la nature. Ce qui me touche, au fond, c’est ce lien entre la lenteur de l’argentique et la vie des plantes. Les deux demandent du temps, de l’attention. Une plante ne pousse pas en un clic, et une bonne photo argentique non plus. Les deux résistent à la hâte, à l’urgence de notre époque. Quand je développe une image – dans l’odeur chimique de la chambre noire, en regardant l’image apparaître comme un souvenir qui se précise – je ressens une gratitude immense. Pour les plantes, qui continuent de grandir malgré tout. Pour ces appareils, qui transforment un instant en éternité. Cette série, c’est une invitation à s’arrêter, à poser les yeux sur une feuille, une tige, une fleur, et à y voir un monde entier. C’est ma façon de dire : prenez le temps, regardez, et laissez-vous émerveiller.


Éternelles — Narcisses

Narcisses de l’Adour — Blanc et Or

Au printemps 1992, j’avais 29 ans, dans la lumière tendre du sud de l’Alsace, mes premiers narcisses s’élèvent, pétales blancs sous mon objectif. Je capte leur éclat discret, une beauté sauvage qui se donne sans attendre de retour. Dans les champs d’Alsace, aux confins des Vosges, ils tapissent les champs, éphémères et libres, chuchotant déjà les secrets de la vie, de la mort, et de l’éternel recommencement. Huit ans plus tard, en 2000, ayant rompu les amarres d’un métier qui m’étouffait, je me voue à la photographie. Je retrouve alors les narcisses, inchangés, dans les prairies des Pyrénées ou le long de l’Adour, phares d’une renaissance. Tel Écho, éperdue dans sa quête, je me perds pour mieux me retrouver : l’homme d’hier s’efface, l’homme libre s’éveille. Dans le mythe grec, Narcisse, captivé par son reflet dans une source limpide, s’éteint, consumé par un amour qu’il ne peut saisir. À l’endroit où il s’effondre, une fleur naît, le narcisse, frêle et lumineux, portant la mémoire et l’espoir d’un renouveau. Chaque printemps, il fend la terre gelée, défiant l’hiver, pour proclamer que la mort n’est qu’un seuil. Dans mon projet Éternelles, cette fleur tisse une histoire plus vaste : les fleurs, narcisses ou autres, sont les sentinelles de nos cycles humains. De la naissance au tombeau, elles dansent avec nous, incarnant la beauté qui éblouit, la simplicité qui console, la vie qui pulse, qui jaillit, et la mort qui, patiente, attend son heure. Dans les vallées du sud-ouest, où le vent mêle l’odeur des pins aux murmures des rivières, les narcisses sauvages sont mes guides. Leur floraison, au sortir de l’hiver, chante la régénération : une tige verte, un pétale blanc, un cœur d’or, comme une flamme dans l’aube. Ils me rappellent que l’âme, comme la terre, survit à ses hivers. Mes photographies, naïves et brutes en 1992, puis libérer en 2000, saisissent ce cycle. Dans Éternelles, je veux montrer que les fleurs, même fanées, ne s’évanouissent jamais : elles renaissent dans nos mythes, nos mémoires, nos images. Le narcisse, fils de Narcisse, est une âme métamorphosée, un esprit qui fleurit, et rit, sans fin. Éternelles est un hommage à ces compagnes végétales qui cheminent avec nous, discrètes, à chaque tournant. Elles parent nos joies, veillent nos chagrins, et reviennent, fidèles, pour nous enseigner que chaque fin porte un germe de début. Mes narcisses, capturés dans les champs d’Occitanie, les jardins de Toulouse ou les prairies de Peyrehorade, sont des poèmes silencieux : un pétale incliné, tel Narcisse scrutant son reflet ; une tige brisée, comme une vie interrompue ; une fleur naissante, comme une âme qui s’ouvre à la lumière. À travers eux, je célèbre la beauté fugitive, la simplicité des vraies choses, la vie qui s’élance, la mort qui murmure ses leçons, et le renouveau qui promet que rien, jamais, ne s’achève.




Unclassifable

Présentation d’une sélection d’images du reportage





Unclassifable


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Désordre, Évasion — Sans Contours

Sous un ciel suspendu entre l’aube et le crépuscule, l’inclassifiable émerge, insaisissable, comme une brume qui refuse de s’ancrer. Ce n’est pas la ville aux angles acérés, ni la forêt aux échos profonds, mais un espace flou, un interstice sur lequel les formes se dissolvent. Une ruelle s’y égare, envahie d’herbes folles, ses contours ondulent, comme esquissés par un vent hésitant. L’acier se liquéfie en reflets intenses, des bleus criards, des rouges qui débordent, se mêlant au vert fragile d’une terre abandonnée. Les pas s’y perdent en mouvements désordonnés, effacés par un souffle qui brouille tout. La lumière, elle, se fracasse en fragments trop vifs pour être saisis, trop lourds pour être nommés. Les murs murmurent des secrets, laissant filtrer des ombres vertes, tremblantes, dans un désordre saturé. Les arbres, courbés comme des titans épuisés, s’effacent dans des teintes qui s’échappent, fluides, indomptées. La terre, douce sous une rouille éclatante, parle une langue sans mots, un chant brut, impossible à capturer. L’inclassifiable échappe à toutes limite, à toute fin. C’est une flaque dans laquelle les mondes se fondent, un néon vibrant dans une branche dépouillée, une paix féroce qui rejette toute entrave, tout nom. Rien ne l’arrête, rien ne le fige : il est un courant qui traverse, un éclat qui brûle sans se consumer, un lieu où l’ordre et le chaos dansent sans jamais se résoudre.






Bio / Approche Photographique


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Biographie


En Quête de Lumière — Saisir l’Éphémère

Entre Rugosité & Beauté

Il est né en 1963, dans un village du sud de l’Alsace. À 16 ans, en 1979, marchant dans les pas de son père, il pousse la porte d’une usine de mécanique, un endroit où on donne vie à des moteurs diesel énormes, pour les trains, les bateaux. Le vacarme des machines qui martèlent, le couinement des vieilles portes en métal, les voix des gars qui s’interpellent pour couvrir le bruit, la chaleur qui vous plaque, la poussière qui s’accroche à la peau et pique les yeux, ces journées qui vous cassent le dos : c’est là-dedans qu’il débarque, dans ce monde brut et bouillonnant, où les étincelles de ferraille croisent les éclats de rire lancés pour tenir bon. Un univers dur, rugueux, à mille lieues du collège qu’il a quitté il y a quelques semaines à peine, c’était une autre vie. En septembre 1995, tout bascule. Une étincelle jaillit. On lui offre un vieux Nikon F, un appareil des années soixante, et soudain, il voit le monde autrement. Il commence à capturer les visages burinés par le temps de ces collègues de travail, des instants du quotidien qui racontent des histoires sans mots. Ces premières photos, il les garde précieusement, comme un trésor intime, avant d’oser les dévoiler en 1997 lors d’une exposition qui le met à nu. Les visiteurs s’arrêtent, émus, touchés par ce regard si particulier. Ce moment marque un tournant : d’autres expos suivront, et son style, unique, commence à faire parler de lui. Assoiffé d’apprendre, il franchit en 2000 les portes de l’ETPA, l’école de photo et d’audiovisuel à Toulouse, entrant directement en troisième année de spécialisation. Dans cette effervescence d’idées, il aiguise son travail photographique, jette sur le papier des projets qui l’obsèdent, voit grand. En parallèle, il se lance sur le web avec un site avec lequel il partage son premier reportage, ses travaux personnels, ses esquisses, ses rêves. Cette vitrine numérique devient une fenêtre ouverte sur son univers, attirant des milliers de curieux captivés par la sincérité de ses images. En 2006, il s’installe dans le sud-ouest de la France. Les collines dorées par le soleil, les marchés pleins de vie, les ciels flamboyants au crépuscule : tout l’appelle, tout l’inspire. Il s’ancre là, mais garde les yeux grands ouverts, toujours à l’affût. Une conversation dans un bistrot, un arbre sculpté par le vent, un souvenir qui surgit sans crier gare : chaque détail nourrit son imagination. Appareil en main, il saisit ces moments fugaces, ces bribes de vie qu’il transforme en poésie. Et il continue, porté par une flamme intacte, à courir après ce qui fait vibrer, ce qui émeut, sous tous les ciels, qu’ils soient réels ou nés de ses songes.


Approche Photographique


L’Écho d’une Enfance — Saisir le Sacré dans la Fugacité

Photographier, pour moi, va bien au-delà d’un simple déclic : c’est une immersion ardente dans l’instant, une quête passionnée pour capturer l’âme d’un moment, sa vibration unique qui résonne en moi. C’est tisser une connexion intime avec le sujet, ressentir l’urgence vitale de saisir cet instant précis, là où tout s’aligne, où la vérité du présent éclate. Ce besoin pulse en moi, viscéral, presque sacré. Chaque image libère une joie profonde, une ivresse créative qui m’emporte, me soulève jusqu’à l’extase, comme si le temps s’effaçait dans un souffle d’éternité. Cette sensibilité trouve ses racines dans mon enfance. À sept ou huit ans, je fabriquais des cerfs-volants, leurs voiles dansant dans le vent alsacien, et plus tard, je construisais des cabanes perchées dans les arbres, refuges de bois et de rêves. Avec mes camarades, nous partions pour la journée dans la montagne, allumant un feu pour griller des saucisses et des pommes de terre. Ces moments étaient le bonheur pur, la liberté absolue. Souvent, seul lors de mes balades, je replonge dans ces souvenirs : l’odeur du feu, le rire des amis, le frisson du vent. Ils ravivent en moi une énergie intense, une flamme qui alimente chaque photographie que je crée. Rien n’est fortuit dans ce processus. Les sons qui m’enveloppent, les parfums flottant dans l’air, la lumière sculptant les ombres, les contrastes du noir et blanc ou l’éclat vibrant des couleurs : chaque détail s’entrelace pour façonner un instant divin. Qu’il dure une seconde ou quelques minutes suspendues, je m’y prépare avec une ferveur quasi rituelle, prêt à accueillir ce moment fulgurant où l’univers semble conspirer. Une photographie naît de cette alchimie – une rencontre sensorielle, parfois sensuelle, jamais banale, où le regard s’imprègne des textures, des odeurs, de l’âme du lieu. Ce processus charrie un torrent de sensations : vivifiantes, enivrantes, de temps en temps si puissant qu’elles pourraient m’engloutir. Je les canalise, me laissant porter par leur élan. D’une image à l’autre, l’émotion, d’abord tumultueuse, s’adoucit en une joie pure, un enthousiasme spontané. Je retrouve l’enfant que j’étais, dévalant une pente à vélo, le cœur battant, prêt à s’envoler dans un éclat de bonheur. Chaque photo capture un fragment d’intimité, né dans une solitude savoureuse, offert à des regards inconnus dont je devine les échos secrets. La photographie est ma porte vers un monde sans limites, un refuge dans lequel l’imaginaire échappe aux routines et s’abreuve d’inspiration. C’est un écho de cette liberté d’enfance, un luxe que je cultive avec soin. Sans cet espace, l’existence me semblerait mutilée. Je porte une gratitude infinie pour cette force qui m’habite, et mon vœu le plus cher est que mes images éveillent, chez ceux qui les contemplent, un même souffle de liberté, qu’elles nourrissent leur propre imaginaire. Partager cette célébration de l’éphémère, rendre éternel ce qui passe en un battement de cœur, est une joie profonde, un hommage vibrant à la beauté et à l’intensité de la vie.




Enivrez-Vous


Charles Baudelaire - Le Spleen de Paris, XXXIII - 1864

Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous. Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : « Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise ». Charles Baudelaire - Le Spleen de Paris, XXXIII - 1864





Publications

Bergantz Lucien

Parution de "RÉTROSPECTIVE DIDIER CHAMBON"
Ce livre est une présentation de plusieurs séries de photographies issues des différents reportages et travaux personnels. Livre relié, 33x28 cm, couverture rigide 240 Pages. Éditions Atelier de la Photographie – janvier 2018.

Bergantz Lucien

Parution du livre “Dominicains, Couvent St-Thomas d’Aquin“. Reportage réalisé en immersion au sein de cette communauté religieuse. Préface, Frère Olivier de Saint-Martin, Prieur. Livre relié, 18×18 cm, couverture rigide ou souple 54 Pages. Livre relié, 33×28 cm, couverture rigide de 52 Pages. Livre en français et anglais. Éditions Atelier de la Photographie – juillet 2017.

Bergantz Lucien

Parution du livre “Blagnac Boxing Club“ (Édition de luxe). Ce club a vu bon nombre de grands boxeurs faire leurs premières armes. Sa salle d’entraînement est un lieu mythique, où l’effort acharné est la règle, assorti de l’ambition d'être toujours meilleur jusqu’à atteindre (et rester !) au plus haut niveau. Cette volonté implacable a conduit certains jusqu’à l'apogée de ce sport. Préface de Monsieur Mahyar Monshipour Kermani, Sextuple champion du monde de boxe anglaise de 2003 à 2006, catégories super-coqs. Livre relié, 25 x 20 cm, couverture rigide, 78 pages. Livre en français et en anglais.
Éditions Atelier de la Photographie – août 2016.

Bergantz Lucien

Parution du livre “Communauté Mère du Divin Amour“. Reportage réalisé en immersion au sein de cette communauté religieuse. Elle est composée de laïcs et d’ecclésiastiques originaires d'Abidjan en Côte d’Ivoire. Elle s’inscrit dans le courant du Renouveau Charismatique Catholique. Ses prêtres exercent dans différentes paroisses, françaises et étrangères. Préface, Père Ferdinand Sebré, responsable des communautés européennes, (France, Belgique, Italie, Allemagne), et Canadiennes. Livre relié, 22 x 28 cm, couverture souple, 84 pages. Livre en français et anglais Éditions Atelier de la Photographie – juin 2015.

Bergantz Lucien

Parution du livre, “Lear“. Mise en scène : Patrice Odoul avec la Compagnie Bedlam Théâtre de Bayonne. Libre adaptation du “Roi Lear“ de William Shakespeare. Écris et mise en scène de Patrice Odoul. Livre relié, 22 x 28 cm, couverture souple, 92 pages. Éditions Atelier de la Photographie – décembre 2014.

Bergantz Lucien

Parution du livre “1 rue de la Fonderie“. Portraits d’ouvriers au sein d’une usine de métallurgie dans l’est de la France. Images d’un monde industriel hanté par des monstres cracheurs de feu. Dégât collatéral de quelques années de déclin économique, le savoir-faire spécifique de ce domaine s’est perdu dans le néant. Préface de Monsieur François Florent Eichholtzer, Fondateur du Cours Florent, Paris. Livre relié couverture rigide, 23,5 x 31,0 cm, 124 pages. Éditions IRCOS  -décembre 2013. Pour commander le livre : Cezam Grand Est - 7 rue Alfred Engel  / BP 21124 - 68052  - MULHOUSE Cédex-Tel : 03 89 56 55 54 - Email : [email protected]

Bergantz Lucien

Photographie de la pochette du CD & DVD en hommage au boxeur Mahyar Monshipour Kermani pour ces multiples victoires, (6 fois champion du monde WBA Super Coq & 6 fois champion d’Europe WBA Super Coq).
CD : Auteurs et interprète : Sinik, 113, Intouchable, Monsieur Mike, Alibi Montana, Relic, Lord Kossity, Serum, Zoxea, Ol’Kainry, Kamnouze, Guerilla Black...

Bergantz Lucien

Avril 1998
Liaison CE
1er page
N° 168

Bergantz Lucien

Août – septembre 1997
Liaison CE
1er page
N° 161





Expositions

2020/08Exposition avec le collectif ArteLandes à la "Peña les Artistes", Bayonne (64). Présentation de la “Série Safety“, avec les artistes: Alice Baldys / Mireille Bonard / Sandra Bourdie / Dominique Gentreau / Annick Harnie / Nancy Lopez / Didier Chambon / Léa Coutureau / Martine Layeux / Jean-Jacques Layeux.
Exposition du 3 août au 9 août 2020

2020/02Exposition avec le collectif ArteLandes à la médiathèque de Bélus (40). Présentation de la “Série Safety“, avec les artistes Alice Baldys / Sandra Bourdie / Annick Harnie / Nancy Lopez / Yves Gossebaire-Dupin / Léa Coutureau / PietroLando / Jean-Jacques Layeux.Exposition du 2 février au 4 avril 2020

2019/06
Exposition de la série “Corps et Graffiti“, lors d'un spectacle combinant lecture et musique autour de George Sand & Frédéric Chopin. Présenté par l’association “La Scène Déménage" au Théâtre du Sentier à Sorde-l’Abbaye (40).
Exposition du 9 juin 2019

2019/04Présentation de la série “Safety", Exposition collective avec Eva Eudes, Collagiste & Magali Poillon-Rigomont, Event Designer à la banque du Crédit Agricole de Dax (40).Exposition du 3 avril au 19 mai 2019

2018/03Exposition de la série “Safety“ au théâtre de la Lutz à Peyrehorade (40), lors des représentations de Horla d’après la nouvelle de Guy de Maupassant par la troupe Cie Idées MobilesExposition du 3 mars 2019

2017/08Présentation d’une partie de la série “ Safety “ lors de la soirée “ 1 soir / 3 concerts “ dans la grange de la maison Jean Rameau à Cauneille (40). Avec Alain Sourigues, Guillo et Mamac.Exposition du 19 août 2017

2017/03Exposition de “1 rue de la Fonderie“ et conférence « Hommes et Industrie à la SACM“. Médiathèque départementale du Sundgau à Altkirch (68). Exposition et conférence à partir du 18 mars.Exposition du 18 mars au 16 avril 2017

2015/05
Exposition de “1 rue de la Fonderie“ « Hommes et Industrie à la SACM“ Espace 110 - Illzach (68).
Exposition du 20 mai au 6 juin 2015

2014/10Exposition photographique de "1 rue de la Fonderie" aux “ 14ᵉ Journées de l’architecture “Campus de la Fonderie “ Mulhouse (68).Exposition du 13 au 25 octobre 2014

2014/07Exposition photographique de "1 rue de la Fonderie" présentée à l'Office de Tourisme dans le cadre des Journées du Patrimoine Industriel de la ville de Mulhouse (68).Exposition du 20 juin au 14 juillet 2014

2014/06Exposition photographique collective lors du 4ᵉ “Festival de la Photographie“ de Dax sur le thème “Photo-graphique“ (40).Exposition du 1er au 31 juillet 2014

2010 à 2014Exposition photographique permanente de la série
“1 rue de la Fonderie“ à La Fonderie Campus Mulhouse (68).

2000/04Exposition photographique de la série “Visages d’Ici et d’Ailleurs” Médiathèque de Thann (68).Exposition du 1er au 29 avril 2000

1999/06Exposition photographique de la série “ Arter Ensemble ” lors du festival “ l'Art en Quartier ” Mulhouse (68).Exposition du 5 au 25 juin 1999

1998/11Réalisation du “Mur de la Mémoire” (8 m x 25 m) dans la maison de quartier Kléber à Mulhouse, fresque collective en partenariat avec l’association “ Arter Ensemble “ et Luis Pasina, plasticien en résidence dans ce lieu (68).

1998/09Exposition à Mulhouse de la série “1 rue de la Fonderie“ lors des portes ouvertes de la S.A.C.M., l’usine où ont été réalisées les photographies (68).Exposition du 8-9 septembre 1998

1998/07Présentation à Mulhouse de la série “Un dimanche matin au tout va bien” dans la galerie de La Maison de Quartier de la Fonderie Campus (commande de la ville de Mulhouse) (68).Exposition du 1 au 30 juillet 1998

1998/01Exposition collective à la Filature Mulhouse (68) avec : François Kollar (portraitiste, mode) Michel Vanden Eeckhoudt (agence VU) sur le thème du “Monde du Travail“Exposition du 8 janvier au 1 mars 1998

1997/04Exposition à Mulhouse de la série “1 rue de la Fonderie“ dans la galerie I.R.C.O.S. (68).Du 5 au 25 avril 1997

1997/04Exposition à Mulhouse de la série “1 rue de la Fonderie“ dans la galerie I.R.C.O.S. (68).Du 5 au 25 avril 1997

1997/03Exposition collective à Paris à la Grande Halle de la Villette, sur le thème de “L’univers du travail d’aujourd’hui” (75).Du 5 au 25 mars 1997

1994/09Exposition à Perouse, Italie, dans le cadre de la nouvelle collection de la styliste Fabienne Michaelis. Galerie Il Gianicolo Snc, Perouse (06).5 au 25 septembre 1994




Collections

1998/05La Filature Mulhouse (68), 60 tirages de la série : “1 rue de la fonderie“.




Contact




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Un grand merci de me contacté ! Votre message témoigne de l’intérêt que vous portez à mon univers photographique. Chaque cliché que je partage est le fruit d’un instant capturé, d’une lumière particulière, d’une émotion fugace que je cherche à immortaliser. Que vous soyez ici pour découvrir mes séries, échanger sur un projet, ou simplement partager une impression, sachez que votre démarche compte énormément pour moi. N’hésitez pas à me faire part de vos pensées, de vos idées, ou de ce qui vous a inspiré dans mon travail. Je suis impatient de lire vos mots et de continuer à tisser ce lien précieux entre la photographie et ceux qui la regardent. Je vous répondrai dans les plus brefs délais si c'est nécessaire.
Amicalement,
Didier Chambon






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